Affichage des articles dont le libellé est Poésie Pour Aguicher Le Chaland. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Poésie Pour Aguicher Le Chaland. Afficher tous les articles

mardi 8 avril 2014

Particules de l'impossible

Thibault Marconnet, L'Angoisse du clown, 2012


L'égarement est une forme de trouvaille : pure et sans conditions.

À Antonin Artaud, pour ce qu'il a pu m'inspirer


Dans le coeur
Une saillie de ténèbres
Volcaniques, essentielles
Celui qui n'a pas marqué 
Son pas d'un filtre d'ombre
N'a pour écho
Que le vide infécondé

Dans le ventre
Une émanation de larves
Ensemble
Copulent les industries
Du sperme et de la digestion
Comme une mort lente
Une religion proclamée
De jouir du manger
Tout autant que la carne de l'autre

La peau ne peut s'élever
S'arracher, s'extirper
Qu'à condition
D'y laisser sa jouissance
De ruminant

Le sang est une carie
Qui ne grince au milieu
Qu'à l'appel de l'autre
Vous me répondrez
Que le corps est fait pour exulter
Douce illusion de ce bas monde

Je ne me nomme plus
Je ne m'attends plus
Je me devance
Et puisqu'il faut
Répondre de ses pensées
Je ne pense plus

Les couloirs où l'on crie
Où chacun beugle pour soi
Dans cette promiscuité
Des hurlements de l'être
Il n'est pas de mort plus laide
Que la vie réduite à l'état de paralysie
Que l'intimité engrossée
Par des hommes et des femmes
Plus voyeurs qu'un démiurge

L'irréel n'est pas
Une porte de secours
L'irréel est cette matière
Que voit l'être sensible
Et qu'il supplie 
De ne plus voir

Mais il ne peut en être autrement
Son miroir, sa quête, sa lame de nuit
Lui sont choses obligées
Car c'est de là
Que naissent ses métamorphoses :
Dans les brèches et les plaies
De cette irréalité
Nue, sans artifices
Et qu'il porte en lui
Comme un enfant visionnaire
Aux yeux troués

Dans cette prison
Où la vulgarité
Se veut conscience
Ne restent que deux écueils :
L'imaginaire et la mort
Et si parfois l'imaginaire est mort
La mort n'est pas imaginaire

Les poings dans les orbites
Celui-là pleurait
Les veines dans la bouche
Un autre ne savait plus que dire
Et tous deux se reniaient
Se mangeaient l'esprit
Par perte du coeur

La vérité demeure à l'âme
Ce que la clef est pour le mur :
Une impossibilité.


© Thibault Marconnet

27 janvier 2008


Thibault Marconnet, Axis Mundi, 2013

lundi 31 mars 2014

Le Voyageur

Vassily Kandinsky, Landscape with Red Spots, No. 2, 1913



Les longs ciels morveux,
Dans la boue des nuages,
Portent une défroque bleue
Tout assouplie de mirages.

Le feu vert s’époumone
Dans le ventre des vestales,
Et pleurent les vieilles matrones
Les lèvres aux rouges étoiles.

Pique le rêve sous la veine ailée,
Le fusain des prairies humides,
Quand geint l’opium des rosées
Sur les cuisses pourpres du vide.

Mais voyez : le voyageur est parti
Ce matin, les pas en sanglots,
Vers l’imaginaire à jamais infini,
Plein les poches : de la terre et des mots.


© Thibault Marconnet
2007


Joan Miro, L'Or de l'azur, 1967

jeudi 20 février 2014

Le dormeur sans passé

Paul Klee, Le prince noir, 1927


A Ludovic Roguet

Sur le pont d’un vieux galion
Se tient un homme esseulé.
Alors que le soleil
Aux mains dorées plante ses vieux rayons
Dedans la mer embrasée,
L’homme, au couchant s’éveille.
Au loin, dans le calme horizon,
Il n’y a que le jour qui descend :
Mendiant couvert de rouges haillons.
L’homme marche, de large et de long,
Calme comme du sang qui va séchant.
Sa bouche est muette mais sans bâillon.
Un aigle tout enluminé d’or
Venu d’on ne sait quelle terre,
De son vol se pose sur la vigie.
Étale, il semble que l’eau salée s’endort
Et tout est silencieux, vague murmure de pierres.
L’oiseau de proie s’efforce de scruter l’infini.

Dans une cage accrochée au mât,
Se tient un rouge-gorge qui s’étiole
Et siffle et s’agite en sa prison.
Nul maître d’équipage n’apporte son bras,
Et sans archet, flotte sans bruit la maritime viole.
Le navire est figé comme une maison.


Paul Klee, Captif, 1940


L’homme retire l’ancre puis saisit le gouvernail
Pour que le vaisseau comme un feu fasse brûler la cire
Qui se tient collée à ses flancs.
De ses chaînes, le voici désormais qui se démaille ;
Et se meut tel un serpent la proue du navire :
Soc de bois qui fauche le lait de l’océan
Comme on moissonne le blé mûr.

L’aigle doré prend son essor,
Habitant des hautes régions.
Il part semer son cri au sein de l’azur
Et son départ est comme un chant de mort.
L’homme sanglote : moine privé de religion.
Sa main hisse un seau rempli des champs d’écume
Et en guise de baptême, déverse l’eau salée
Sur son poussiéreux visage.
Sa tête est comme le bois qu’on allume
Et prise de convulsion, de lui veut se détacher.
Sautant comme un bouchon, la voici qui nage.


Paul Klee, Le navigateur, scène d'opéra comique


Ainsi, le corps délivré de sa tête,
Ses mains s’agitent et tâtonnent,
Touchant les voiles et les filins.
L’oiseau encagé siffle, fragile allumette,
Et l’homme, ainsi qu’on pardonne
Un être cher, l’arrache à son chagrin.

Le rouge-gorge vient poser
Ses plumes légères
Comme un rasoir de guillotine
Sur le cou nu et apaisé.
Au contact de l’air,
Tremblent ses pattes de ballerine.

Trônant entre deux épaules
À l’endroit désormais vide ;
Tel un bâton d’aveugle,
Il secoue ses ailes, accomplit son rôle,
Pour que cette vibration soit un guide.
À l’avant du navire, l’océan beugle.


Paul Klee, Mort et Feu, 1940


L’homme plonge dans les entrailles de la mer
Déchirée comme un sexe féminin ;
Et nage sous l’eau : vaste cimetière
Où flottent les spectres des marins.

Une île trouve gîte à ses pieds
Et le sable accueille son dos
Au pied d’un arbre défeuillé.
Tout son être voudrait prier
Mais sans bouche, il est comme clos.
Sans esprit, il ne peut plus s’endeuiller.

Sa paume touche l’écorce d’un radeau
Sur lequel l’oiseau étend son plumage :
Rouge reflet sur le noir ébène.
L’homme pousse l’esquif à l’eau
Et quitte le rivage
Comme un exilé qui se traîne.


Paul Klee, Figure le soir, 1935


Tel Charon, sur un Styx sans fin,
Tout autant passeur que voyageur,
Il déploie les larges rames.
Enfant ne sachant rien du lendemain,
Il se laisse guider par le ressac rageur
Qui pleure comme une femme.

De l’onde, jaillit le chanvre d’un filet :
Corde bondissant telle une anguille,
Cherchant à s’emparer de son corps d’ivoire.
Il se retrouve pris dans les furieux rets
Qui s’enroulent à sa cheville ;
Et le voici sombrer dans l’immensité noire.


Paul Klee, La roseraie


Sa chute paraît sans fin
Et d’une écoeurante lenteur.
Puis il touche enfin
Le sable des dernières profondeurs.

Des requins, les yeux injectés de poison,
Frôlent son corps sans y prêter attention.
Il reste là, immobile,
Bercé par la marine oraison.
Et c’est sans la moindre tension
Que bat son cœur docile.

Ci-gît l’homme, reposé en ces lieux.
Au fond de la matrice bleue,
Il n’a plus besoin de respirer.
L’eau le touche comme un baiser d’adieu.
Il n’est plus question d’être heureux,
De suivre la quête sans fin qui fait chavirer,
Puisqu’il est le dormeur sans passé.


© Thibault Marconnet

26/01/2011

Paul Klee, Ange terrestre, 1939

mercredi 19 février 2014

Verlaine

Félicien Rops, Le bibliothécaire, 1878-1881


Verlaine, Verlaine le mystique,
Et sa bouche comme un encrier ;
Pour saluer les jours antiques,
Pour naître, jouir et crier.

Vieil hibou des temps modernes,
Au violent et doux battement de plumes ;
Verlaine, qui crache au front des badernes
Le vin vieux de ses vers
Comme un feu qui s'allume.

Verlaine, ange et démon,
Qui a mordu dans la chair
Comme dans un pain blond,
Pour laisser filer son foutre,
Son foutre clair.



© Thibault Marconnet

31/03/2013

dimanche 16 février 2014

Lingus

Egon Schiele, Fille aux cheveux noirs sans jupe, 1911


La vigne soupire au long baiser
Sur la fine dentelle carmine
Où sautille la charmante rosée
Emperlant la folle cardamine

De ce vase clos jaillit le mystère
De ce calice aux océans troublés
Sous des parfums d’écumes et de terre
Au-delà des langueurs de la canopée

Ce morceau de mauve calligraphie
Dégorge l’encre des étoiles
Dans le parchemin lilas de la nuit
S’élève la tiédeur des voiles

Lorsque sa bouche me laisse reposer
Ainsi par le colimaçon de la peau
S’entrouvrent par ma langue les voluptés
De la virgule où s’arrêtent mes mots.


© Thibault Marconnet

26/10/07

Gustav Klimt, Liegender Halbakt (masturbierend), 1912-1913

Noires hosties

Alfred Kubin, Black Mass, 1905


« J’exprimerai patiemment toutes les raisons de mon dégoût du genre humain. Quand je serai absolument seul, je chercherai une religion (…) et au moment de la mort, j’abjurerai cette dernière religion pour bien montrer mon dégoût de la sottise universelle. Vous voyez que je n’ai pas changé. »
 Charles Baudelaire


Je suis une fleur de mélancolie,
Et n’ai pour sève qu’un sombre lait ;
Poussant sur des orties,
Un soleil froid baise mes plaies.

Au soir tombé, je me transmue
En homme et mes pas me mènent
Jusqu’à une cathédrale de verdure.
Le dos courbé, les lèvres coulant de pus,
De ma bouche ne sort aucun Amen :
Car je suis un déchu, un parjure.

Des moines, les habits baignés de sang,
Sortent de la nef de lierre
Et boivent la liqueur qui jaillit
De leurs fouets brûlants.
À leur vue, je suis homme de pierre
Et crache sur la clef du Paradis.

Ils processionnent en chantant l’abîme,
Et vomissent de vineuses glaires,
Éclaboussant les arbres sur leur passage.
Ils aiguisent leurs dents avec des limes :
Leurs mâchoires grincent dans un bruit d’enfer
Et je ferme mes yeux par peur de ces images.

Je rampe telle une bête jusqu’à l’autel,
N’y trouvant que des os rongés et la faim
Me fait hurler comme un aveugle dans la nuit.
Les murs de ronces se moquent de mon appel
Et je gémis mon infortune, et je me plains.
Sur mon visage glisse une cendreuse pluie.

Un vieux ciboire repose sur la poussière ;
Mes doigts crochus le touchent avec crainte.
Un feu embrase mes veines que je croyais parti.
Je n’attends plus rien d’une vaine lumière :
Mes yeux luisent des lueurs de la folle absinthe
Et je m’alimente du reste des noires hosties.


© Thibault Marconnet

05/03/2011


Alfred Kubin, La Peste, 1903-1904


Alfred Kubin, The Swamp, 1905

samedi 15 février 2014

Le sang des cerises

Odilon Redon, Buddha, 1906


« Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin de l’âge. »
(Mt 28, 20)


Il y eut des murailles de nuit
Sur mes jours d’autrefois,
Des espaces vides de bruit
Et la rumeur montante de la foi.

Mes lèvres de craie ont baisé
La bouche noire de la terre :
Cette amante que nul n’a déniaisé
Sans rejoindre les tombeaux millénaires.

Silhouette drapée du sang des cerises,
Je t’ai cherché, cherché en vain ;
Mais ton corps est un verre qui se brise,
Un linceul tout taché de vin.

Au pied des chênes hiératiques,
On m’a vu prier dans la plaie du matin ;
Fouiller de mes doigts sceptiques
La blessure de l’homme, la gloire du saint.

Au crucifix, j’ai volé des échardes
Pour témoigner dans le silence ;
Porter ma peau comme une vieille harde
Sous le ciel blanc de l’enfance.

Sur ma poitrine comme un arbre,
La cognée de ton nom a fait perler la sève ;
Et je sais ceux qui dorment sous le marbre,
Attendre mains jointes que le jour se lève.

Un incendie a pris dans mon âme de foin,
Qui se débat avec l’invisible comme une vieille folle ;
Arrachant par touffes l’ivraie et le grain
Pour trouver ton insaisissable Parole.

Au bout de mes pas se trouve la dormance.
Ô Fils ! fais qu’à ta voix, mon être se fiance !

Pour ne pas m’enfouir dans une eau boueuse
Au temps du long exil, de la dernière transhumance ;
Mais me baigner dans la verdure lumineuse.

Et finir dans la lumière
Ainsi que l’on commence.


© Thibault Marconnet
31/03/2013

Aurore Lephilipponnat, Christ en croix, 2011-2012


Odilon Redon, La cape jaune, 1895



Je vous invite chaudement à aller rendre visite à Aurore Lephilipponnat sur son site. Vous y verrez des merveilles. Cette jeune femme habitée par sa vision, peint à même la chair de ses toiles pour faire jaillir la lumière enclose au sein de l'ombre.



vendredi 14 février 2014

Rouge baie



Claude Monet, La Pie, 1868-1869


Plus ne voit feuillages verdir,
Quand neige clôt dans son châle,
Prairies de sa lourde cire :
Tout se vêt de teintes pâles.

Dites-moi si l’oiseau chante,
Pour que printemps s’en revienne.
Soleil déchu, froid qui vente :
S’éteint la bougie ancienne.

Plus ne sent le monde bouger :
Lac gelé où frissons passent.
Vois comme mes yeux sont âgés :
Chênes que la cognée casse.

Dites-moi ce qui me hante
Pour que plus ne m’en souvienne
Et que lassitude lente
Nulle part ne s’en revienne.

Plus n’entend la plainte de l’eau :
Reclus en ma thébaïde.
Tout est comme dans un berceau :
Morte est cette chrysalide.

Dites-moi sur quelle pente,
Traîner la croix qui fut mienne.
Dieu, que ma chair est dolente !
Faites que l’on me soutienne.

Dors à présent, âme glacée,
Dans ce deuil où gît la chaleur.
Mon être de tout est lassé,
Qui trop a connu le malheur.

Dans le blanc tombeau, que suis-je ?
Rien qu’un corbeau au chant muet.
Mais c’est alors que je songe :
Mon cœur est une rouge baie.


© Thibault Marconnet

26/07/2011


Utagawa Hiroshige, Station de Mariko, 1847-1850





mercredi 12 février 2014

Errance

Caspar David Friedrich, Le Moine au bord de la mer, 1808-1810


À Friedrich Nietzsche


« Celui qui est parvenu, dans une certaine mesure, à la liberté de la raison n’a pas le droit de se sentir sur terre autrement qu’en voyageur, –  non pas cependant pour un voyage vers un but dernier ; car il n’y en a point. Mais il se proposera de bien observer et d’avoir les yeux ouverts à tout ce qui se passe réellement dans le monde ; c’est pourquoi il ne peut attacher son cœur à rien de particulier ; il faut qu’il y ait toujours en lui quelque chose du voyageur, qui trouve son plaisir au changement et au passage. »

Friedrich Nietzsche (in « Humain, trop humain »).



Le sang des pierres s’effrite en copeaux
sur les lignes d’ébène de la main.
Le quartz des lumières liquides, inassouvies, s’écartèle sous notre peau.
Des roches nues jaillissent les soleils froids,
compagnons de nos ombres tièdes ;
dans les jours qui s’enfantent de nos insomnies.
Le ventre est encore électrique
de la transpiration des herbes.
Les courbes du vent se cabrent dans le blé naissant.

Nos bouches titubent de mots anciens ;
antiques temples de sommeil,
livrés à l’acidité des pluies de lamelles grises.
Ce que nous donnions à la parole, nous l’avons repris,
et dans le murmure intact,
nos âmes vont sur le circonflexe des volcans.
Nos langues gelées, habitées d’abîme,
ruissellent de silence.
Nous étions pleins d’inutile,
et, comme on s’emplit les yeux d’eau et de lumière,
nos carcasses vont, pures.
Les cheveux de la mort et du mouvement des astres
s'enchevêtrent dans le ciel.
Les nuages, comme des nerfs de chevaux fous,
s’enlisent sur l’horizon.
Des silhouettes de linceul,
recroquevillées sur leurs carnes honteuses,
sortent des cimetières comme on va au tombeau.
Le sol exsude ses premières offrandes.
Nous étions coagulé de sacrifice et de repentir.
Qui oserait nous reconnaître à ce moment précis,
alors que tous nos pores, comme des électrons, saturent de vie ?

Ainsi que l’on va, juteux de rêves
dans les derniers sables du délire ;
nous voilà, nus,
repartis dans l’écorce familière des plaines délaissées.
La grêle et ses aumônes de givre
nous ont le visage barbelé tant et plus
qu’aucun miroir ne peut désormais
nous donner des pamoisons de Narcisse.
Nous laissons le châtiment à ceux qui veulent encore en jouir.
Nous n’avons à expier de rien.
Nous sommes charbonneux de soleil.
Des blocs de chairs s’étirent dans le monde lépreux
qui contemple ses vieilles idées
comme l’on ergoterait dans une pissotière
du devenir des oiseaux de braise.
Le mot peut remplacer le fouet.

Dans les vieilles tristesses aux cauchemars cachetés,
plus aucun ressac n’agite les natures dociles.
Et comme la mer passe au-dessous des plaies remplies de sel,
un tigre est en elles qui devient chat blessé.
Quand en aura-t-on fini de panser les rêves au moyen de ronces ?

Nous sommes fruits de l’errance immobile ;
artères et entrailles de puissance.
Nous n’avons plus à satisfaire la patience.
Nous ne pouvons nous détourner des fièvres qui suintent du Cosmos.
Un tremblement sinue dans la poitrine que rien ne fera taire.

Nous prétendons à l’existence.


© Thibault Marconnet

28/03/08

Paul Klee, Deux dromadaires et un âne, 1919