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lundi 30 novembre 2015

Le Vide repeuplé

Thibault Marconnet, Soleil de nuit I, 26 novembre 2015


Chair et Sang
valsent dans mon être.
Dans la nuit permanente
où s’englue notre conscience,
celui qui bavait dans le ventre du Monde
s’est étouffé dans ses langes.

L’homme qui parlait en moi
de la rosée fragile
qui se tient suspendue
aux paupières :
celui-là n’est plus.
Il faudra m’exister à nouveau
et me rompre dans une eau de lune.

Dans les épines de la peau
s’envolent les glaires magnétiques
et que respirent les yeux perdus
sur l’oreiller de la folie
qu’une lèvre inquiète
retrousse.

J’ai longtemps prêché dans le Vide
et me trompais de destination.
Ma parole naît dès lors
dans le sein de mon Vide :
terre d’orages aux fibres de cendres
parcourue de longs tremblements carnassiers
que la plume d’un œil soulève.


© Thibault Marconnet

2007


Thibault Marconnet, Soleil de nuit II, 26 novembre 2015

mardi 4 février 2014

Lune

Egon Schiele, Le cardinal et la nonne, 1912



Dans ta bouche,
Prends toute ma croix offerte :
J’y pleurerai des larmes d’hostie.

Je vais où ton désir se couche,
Mouiller mes lèvres à tes larmes secrètes
Et rompre le pain de ton corps béni !

Sous ta peau file un sable rouge
Qui palpite à ton sein comme un tambour ;
Ô ! épanche ma langue de ton jus de poire !

Sens-tu dans ta paume ce lys qui bouge ?
C’est le temps des moissons d’or, des chauds labours :
Et je vais nu dans le sentier du soir !

Mon âme chante par ta voix fiévreuse ;
Quand l’archet effleure le violon :
La pluie des peaux est lumineuse !

Vois ces sanglots de cire, mon ardente rêveuse,
Qui vont où la mer les emporte comme un don :
Brûler comme des cierges la soie joyeuse !

Toi seule sait où fleurit l’orage ;
Quand tu mâches la résine du soleil :
Tout est foi dans ton ventre, tout est fruit !

Je vois l’épi jaillir dans tes yeux et ton visage,
Quand le calice accueille l’épée de l’abeille :
La lune est un quignon d’ambre dans l’ébène de la nuit.


© Thibault Marconnet

Schwangau, en Bavière, le 13 juillet 2013.


Egon Schiele, Umarmung, 1912