Tigre, tigre, flamme
claire
Dans les forêts de la
nuit,
Quelle main, quel œil immortel,
Purent donc bâtir ton
ordre terrible ?
Dans quel abîme, en
quels cieux
Brûlait le feu de tes
yeux ?
D’où les ailes pour
monter ?
Quelle main osa s’emparer
du feu ?
Quelle épaule nue,
quel art
Nouèrent les fibres de
ton cœur ?
Et quand ton cœur se
prit à battre,
Quelle effrayante
main, quelle marche effrayante ?
Quel le marteau ?
quelle chaîne ?
En quelle fournaise ta
tête ?
Que fut l’enclume ?
Quelle effrayante prise
Osa maîtriser ses
terreurs mortelles ?
Quand les astres
lancèrent leurs épieux,
Inondèrent de larmes
les cieux,
Sourit-il à voir son
ouvrage ?
Celui qui fit l’agneau,
est-ce lui qui t’a fait ?
Tigre, tigre, flamme
claire
Dans les forêts de la
nuit,
Quelle main, quel
regard, immortels
Osèrent bâtir ton
ordre terrible ?
© William Blake
Traduit par Pierre Boutang
The Tyger
Tyger, Tyger, burning bright
In the forests of the
night,
What immortal hand or
eye
Could frame thy
fearful symmetry?
In what distant deeps
or skies
Burnt the fire of
thine eyes?
On what wings dare he
aspire?
What the hand dare
sieze the fire?
And what shoulder, and
what art
Could twist the sinews
of thy heart?
And when thy heart
began to beat,
What dread hand? And
what dread feet?
What the hammer? what the
chain,
In what furnace was
thy brain?
What the anvil? what dread
grasp
Dare its deadly terrors
clasp?
When the stars threw
down theirs spears
And water’d heaven
with their tears,
Did he smile his work
to see?
Did he who made the
Lamb make thee?
Tyger, tyger, burning bright
In the forests of the
night,
What immortal hand and
eye
Dare frame thy fearful symmetry?
Dare frame thy fearful symmetry?
Henri Rousseau dit Le Douanier, Tigre dans une tempête tropicale, 1891 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire