Odilon Redon, Buddha, 1906 |
« Et
voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin de l’âge. »
(Mt 28, 20)
Il y eut des murailles
de nuit
Sur mes jours
d’autrefois,
Des espaces vides de
bruit
Et la rumeur montante
de la foi.
Mes lèvres de craie
ont baisé
La bouche noire de la
terre :
Cette amante que nul
n’a déniaisé
Sans rejoindre les
tombeaux millénaires.
Silhouette drapée du
sang des cerises,
Je t’ai cherché,
cherché en vain ;
Mais ton corps est un
verre qui se brise,
Un linceul tout taché
de vin.
Au pied des chênes
hiératiques,
On m’a vu prier dans
la plaie du matin ;
Fouiller de mes doigts
sceptiques
La blessure de
l’homme, la gloire du saint.
Au crucifix, j’ai volé
des échardes
Pour témoigner dans le
silence ;
Porter ma peau comme
une vieille harde
Sous le ciel blanc de
l’enfance.
Sur ma poitrine comme
un arbre,
La cognée de ton nom a
fait perler la sève ;
Et je sais ceux qui
dorment sous le marbre,
Attendre mains jointes
que le jour se lève.
Un incendie a pris
dans mon âme de foin,
Qui se débat avec
l’invisible comme une vieille folle ;
Arrachant par touffes
l’ivraie et le grain
Pour trouver ton
insaisissable Parole.
Au bout de mes pas se
trouve la dormance.
Ô Fils ! fais
qu’à ta voix, mon être se fiance !
Pour ne pas m’enfouir
dans une eau boueuse
Au temps du long exil,
de la dernière transhumance ;
Mais me baigner dans
la verdure lumineuse.
Et finir dans la
lumière
Ainsi que l’on
commence.
© Thibault Marconnet
31/03/2013
Aurore Lephilipponnat, Christ en croix, 2011-2012 |
Odilon Redon, La cape jaune, 1895 |
Je vous invite chaudement à aller rendre visite à Aurore Lephilipponnat sur son site. Vous y verrez des merveilles. Cette jeune femme habitée par sa vision, peint à même la chair de ses toiles pour faire jaillir la lumière enclose au sein de l'ombre.
Quelle épitaphe, je suis sûre qu' il y a une place dans la lumière pour les blessés du ciel.
RépondreSupprimerJe suis allée voir ton amie peintre à l'incroyable talent des corps. Il y a encore beaucoup de souffrance et je souhaite qu'elle transcende un jour cette partie pour arriver dans un ailleurs plus heureux. Pour elle. Elle le fera, j'en suis certaine. Tout cela deviendra plus lumineux avec le temps.
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