mardi 4 février 2014

Lune

Egon Schiele, Le cardinal et la nonne, 1912



Dans ta bouche,
Prends toute ma croix offerte :
J’y pleurerai des larmes d’hostie.

Je vais où ton désir se couche,
Mouiller mes lèvres à tes larmes secrètes
Et rompre le pain de ton corps béni !

Sous ta peau file un sable rouge
Qui palpite à ton sein comme un tambour ;
Ô ! épanche ma langue de ton jus de poire !

Sens-tu dans ta paume ce lys qui bouge ?
C’est le temps des moissons d’or, des chauds labours :
Et je vais nu dans le sentier du soir !

Mon âme chante par ta voix fiévreuse ;
Quand l’archet effleure le violon :
La pluie des peaux est lumineuse !

Vois ces sanglots de cire, mon ardente rêveuse,
Qui vont où la mer les emporte comme un don :
Brûler comme des cierges la soie joyeuse !

Toi seule sait où fleurit l’orage ;
Quand tu mâches la résine du soleil :
Tout est foi dans ton ventre, tout est fruit !

Je vois l’épi jaillir dans tes yeux et ton visage,
Quand le calice accueille l’épée de l’abeille :
La lune est un quignon d’ambre dans l’ébène de la nuit.


© Thibault Marconnet

Schwangau, en Bavière, le 13 juillet 2013.


Egon Schiele, Umarmung, 1912

2 commentaires:

  1. "Aguicher le chaland" ne pouvait être qu'une formule, chère Isabelle; je ne vois pas comment la sincérité a pu t'échapper ici...

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    1. Tu as raison, je retire ce que j' ai dit, je suis parfois très susceptible, bêtement susceptible, les textes de ton ami sont très beaux, le talent suscite trop de passion, cela s' appelle le " syndrome de l' assassin de Lennon", mille pardons!

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