Léon Spilliaert, La nuit |
Deux, bien sûr, ils
sont deux.
Ça paraît tout à fait
évident maintenant –
Il y a celui qui ne
lève jamais la tête,
L’œil comme une œuvre de
Blake,
Et affiche
Les taches de
naissance qui sont sa marque de fabrique –
La cicatrice d’eau
bouillante,
Le nu
Vert-de-gris du
condor.
Je suis un morceau de
viande rouge. Son bec
Claque à côté :
ce n’est pas cette fois qu’il m’aura.
Il me dit que je ne
sais pas photographier.
Il me dit que les
bébés sont tellement
Mignons à voir dans
leur glacière
D’hôpital : une
simple
Collerette,
Et leur habit funèbre
Aux cannelures
helléniques,
Et leurs deux petits
pieds.
Il ne sourit pas, il
ne fume pas.
L’autre si,
Avec sa longue
chevelure trompeuse
Salaud
Qui masturbe un rayon
lumineux,
Qui veut qu’on l’aime
à tout prix.
Je ne bronche pas.
Le givre crée une
fleur,
La rosée une étoile,
La cloche funèbre,
La cloche funèbre.
Quelqu’un quelque part
est foutu.
Odilon Redon, Le Monstre |
© Sylvia Plath
(in Ariel, p. 45-46)
Odilon Redon, La mort d'Ophélie, 1905 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire