samedi 29 mars 2014

La roseraie

Anselm Kiefer, Laßt tausend Blumen blühen!


La lumière enclose dans ma mémoire
Se rétrécissait comme un lampion terne
Et sous les regards inquisiteurs du couloir
Mon être entier n’était plus que cernes


Anselm Kiefer, für Jean Genet (Artist Book), 1969


Je chevauchais un astre en chute libre
Sautant à cloche-pied sur un nuage gris
De larges mains aux serres d’hydres
Se joignaient à l’encolure de mes rêveries


Anselm Kiefer, für Jean Genet (Artist Book), 1969


Ma vue devenait un plexus rétréci
Je me grimais d’orange et d’anthracite
Pour décolorer la trame pâle du souci
Sous mes paupières les larmes étaient tacites



Anselm Kiefer, für Jean Genet (Artist Book), 1969


J’écoutais gémir la flamme de la chandelle
Sous une respiration écrasée de regrets
Le scintillement des étoiles était irréel
Mes lèvres tremblantes m’incriminaient



Anselm Kiefer, für Jean Genet (Artist Book), 1969


Je m’étais vu dans le miroir de ta nudité
Et ce goût de cendre psalmodiait sur ma bouche
Le corridor menait à des chuchotis sanglotés
J’étais apatride en ma propre souche



Anselm Kiefer, für Jean Genet (Artist Book), 1969


Un soir dans la chambre à jamais close
Je devinais ton pas, caché sous les secrets
En symphonie éphémère effleurant les choses
J’allais m’oindre d’épines dans la roseraie


Anselm Kiefer, Heroic Symbols, 1969

 © Thibault Marconnet

2003-2005

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