James Abbott McNeill Whistler, Nocturne in Black and Gold : The Falling Rocket, 1875 |
Ils vivent chez nous
depuis Noël,
Limpides, candides,
Ovales en leur âme
animale,
Ils occupent la moitié
de l’espace,
Mouvants, se frottent
contre la soie
D’invisibles courants
d’air,
Poussent un cri et
éclatent
Quand on les attaque,
paf, se mettent au repos.
Tête de chat jaune et
poisson bleu –
Nous vivons avec de drôles
de lunes
Ça vaut mieux que des
meubles morts !
Des murs blancs, des
paillassons
Et ces globes de
légèreté,
Voyageurs, rouges et
verts
Qui ravissent
Le cœur comme des bons
vœux, des paons
En liberté dont une
plume
Forgée dans le métal
céleste
Bénit notre vieille
terre.
Ton petit frère
Fait couiner
Son ballon comme un
chat.
Est-ce parce qu’il
voit
De l’autre côté un
monde rose qu’il l’amuserait de manger,
Il mord
Et se rassoit,
Cruche rebondie,
Pour contempler un
monde clair comme de l’eau.
Un lambeau rouge
Serré dans son petit
poing.
Odilon Redon, Le rêve, 1904 |
© Sylvia Plath
(in Ariel, p. 98-99)
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