Les Dead Man's Bones en live et en os! |
Le vent craque dans les
branches. À moitié endormi et les yeux cernés, vous cheminez dans une
forêt : la brume s’enroule au vert fatigué des sapins comme une écharpe
grise au cou d’une femme morte. Des aiguilles grincent sous vos pas telle une
armée de fourmis ; des gouttes de pluie perlent des feuilles en larmes
sylvestres. Le Grand Pan est mort. Vous
marchez sans savoir où vous allez lorsqu’une clairière s’ouvre devant votre
regard.
Au milieu, une maison abandonnée, de style colonial. Vous avancez de
quelques pas au milieu d’un jardin fleuri de pierres tombales. L’air est
froid : votre bouche est un encensoir d’où s’échappe une fumée blanche. L’imposante
demeure semble inhabitée. La porte que vous poussez sort de ses gonds. Vous
pénétrez dans le ventre de la maison, avec quelque appréhension, comme Jonas
dans le ventre de la baleine. L’odeur du bois humide emplit vos narines. De
vieilles robes fripées jonchent le sol ; des costumes élimés au parfum de
naphtaline sont accrochés dans une ancienne penderie. La maison tangue sous la
gifle du vent ainsi qu’un cétacé pris dans la tempête du Jugement Dernier.
Le
salon est rempli de vieux meubles : ruines d’un autre temps attaquées par
la vermine. Derrière des volets fendus, poudroie dans l’air la froide lumière
d’un soleil déchu tandis que des squelettes aux sourires d’anges lévitent
au-dessus du plancher vermoulu. Ulysse pétrifié dans cet étrange vaisseau vomi
par la terre noire, vous percevez d’étranges voix de sirènes qui descendent du
grenier pour s’infiltrer dans vos oreilles ensorcelées. Allez-vous monter dans
la gorge d’ombre pour y perdre votre
âme ? Peu importe. Il est trop tard pour faire demi-tour : vous
êtes immobile comme une statue de sel ; et c’est en somnambule que votre
corps ravi flotte tel un drap jusqu’à l’étrange chorale d’un autre âge qui joue
avec des ossements dans une lumière d’automne. Vous croyez rêver ? Mais la vie est un songe et le Léviathan vous
avale tout entier dans sa gueule de bois. Nul ne sait s’il vous laissera
sortir. Alors vous aménagerez à votre guise ce grand cercueil d’échardes et
d’os…
Les Canadiens ont l’art de
créer des atmosphères envoûtantes : de Steppenwolf en passant par le grand
Neil Young. Depuis, le flambeau mystérieux et mystique a été repris entre
autres par des groupes comme Godspeed You! Black Emperor et leur majestueux
avatar intitulé Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra ; ou encore par
des formations habitées telles que Timber Timbre, Broken Social Scene et Arcade
Fire.
C’est en l’an 2009 que Dead Man’s Bones est venu se joindre à cette histoire
musicale bariolée. Cet album éponyme est une maison hantée où le temps semble
s’être arrêté. Faites confiance à Ryan Gosling et Zach Shields pour vous guider
dans les ombres du passé. Laissez-vous emmailloter dans la toile d’araignée que
tisse leur musique d’outre-tombe.
Vous aimez jouer aux
osselets ? Voilà qui tombe bien !
© Thibault Marconnet
le 29 mars 2014
Tracklist :
01 - Intro
02 - Dead Hearts
03 - In The Room Where You
Sleep
04 - Buried In The Water
05 - My Body’s A Zombie For
You
06 - Pa Pa Power
07 - Young & Tragic
08 - Paper Ships
09 - Lose Your Soul
10 - Werewolf Heart
11 - Dead Man’s Bones
12
- Flowers Grow Out Of My Grave
Dead Man's Bones - In The Room Where You Sleep (wrap party live video)
Dead Man's Bones - Dead Hearts
Dead Man's Bones - My Body's A Zombie For You
Dead Man's Bones - Pa Pa Power
Dead Man's Bones - Lose Your Soul
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