Odilon Redon, Chaudron de la sorcière, 1879 |
Loin de cette langue
de terre obstruée de cailloux,
Tournant de l’œil à la
vue des cannes blanches,
Recueillant l’incohérence
de l’océan au creux de l’oreille,
Tu héberges le trouble
en ta tête – sphère divine,
Cristallin charitable,
Pendant que tes
doublures
S’accrochent
frénétiquement à l’ombre de ma coque,
Pressantes comme des cœurs,
Stigmates rouges en
plein centre,
Et chevauchent les
flots déchirés jusqu’au plus près du point de départ,
Laissant flotter leur
chevelure de Sauveur.
Me suis-je vraiment
tirée d’affaire ?
Le fil de ma pensée s’entortille
autour de toi,
Vieil ombilic
ventouse, câble transatlantique,
Et mon esprit se
préserve, il semblerait, par pur miracle.
En tout cas, tu es
toujours là,
Souffle fébrile au
bout de ma ligne,
Rondeur aqueuse qui se
précipite,
Ravie, reconnaissante,
sur la perche que je n’ai pas tendue,
Et tu touches et tu
suces.
Je ne t’ai pas
appelée.
Je ne t’ai même jamais
sonnée du tout.
Pourtant, pourtant,
Tu t’es lancée sur moi
à toute vapeur,
Avec ton rouge gluant,
placenta
Paralysant les ardeurs
des amants.
Cobra illuminé
Du souffle arraché aux
cloches sanglantes
Des fuchsias. Je ne
respirais plus,
Morte, fauchée.
Surexposée comme un
rayon X.
Pour qui donc te
prends-tu ?
Une hostie, une ortie,
une adipeuse Marie ?
Tu ne me feras plus
rien avaler,
Bouteille dans quoi je
vis,
Vatican de malheur.
Ce bain chaud salé me
rend malade à crever.
Tes désirs verts comme
des eunuques
Sifflent mes péchés.
De l’air, va-t-en, tu
poisses, tentacule !
Il n’y a rien entre
nous.
Odilon Redon, La mort verte, 1905 |
(in Ariel, p. 54-55)
Sylvia Plath avec ses deux enfants, Nicolas et Frieda, en 1963 |
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