mercredi 5 mars 2014

Coquelicots en juillet (Sylvia Plath)


James Abbott McNeill Whistler, Caprice in Purple and Gold: The Golden Screen, 1864


Petits coquelicots, petites flammes d’enfer,
Vous ne faites pas mal ?

Vous tremblez. Je ne sais pas vous toucher.
Je mets les mains dans les flammes. Rien ne brûle.

Et cela m’épuise de vous regarder
Trembler comme ça, rouge vif et froissés comme une bouche.

Une bouche que l’on vient d’ensanglanter.
Oh petites jupes sanglantes !

Il y a des vapeurs que je ne peux toucher.
Où est votre opium, où sont vos capsules écœurantes ?

Si je pouvais saigner, ou dormir ! –
Si ma bouche pouvait épouser une blessure pareille !

Ou vos sucs distiller pour moi, dans cette capsule de verre,
Une stupeur, un apaisement.

Mais pas de couleur. Pas de couleur.



James Abbott McNeill Whistler, Nocturne in Grey and Gold: Chelsea Snow, 1876


© Sylvia Plath

(in Ariel, p. 100)

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