croisée
aux fougères devant
l’aube
et le coq enroué du
remords
l’instant vacille au
faîte
de ma pensée
je sors
de mes souvenirs pardonné
*
L’autre était l’autre
le vrai
mon visage sans
moi-même
je pouvais le saluer
sans rougir dans le
miroir
je le vis même de dos
sur le seuil de la
porte
un homme
qui s’acheminait vers
le jour
*
A contre-courant du
sommeil
je descends l’avenue
l’asphalte
m’ouvre ses pentes de
pierre
sous l’averse
les
portes
sans lumière
les talons
qui martèlent les
trottoirs
m’avertissent que la
ville
creuse la nuit
*
Je traverse son rêve
elle chante
pendant que je marche
je pleure
tous ses matins
oubliés
et me voici à l’entrée
de ses prunelles
je vois
de mes yeux et dans
les siens
une rue pleine de gens
*
L’envie de mourir
l’ancienne
pâleur d’une image
abolie
je les mords à belles
dents
je souris
au vieux soleil
quotidien
à qui voit les
derniers arbres
s’allumer au fond des
rues
la
journée
ouvre son ventre qui
saigne
*
Une boule d’air
t’enroule
et t’enlève à la nuit
le souffle court
le cri
du bouvreuil tire les
bois
des prunelles
ensevelies
sous les paupières
le pain
est là sur la nappe
pétri
de soleil et de larmes
*
Arpenteur d’une courbe
qui tranche le ciel
tu te dresses et les
pierres
sont si lointaines
des plaines
qui s’estompent à tes
pieds
tu te penches
là-bas les orties
griffent le bleu
une fille survient
son regard
est à la taille de tes
yeux
*
Il visite une feuille
l’esprit
plane au loin sur les
eaux
il tournoie vers la
lumière
le voulant sans le
vouloir
quand il rentre
dans ses membres
il s’aperçoit qu’au
soleil
une ombre coule
sans arrêt de son
corps
*
Tu es entré dans le vacarme
de tous les bruits
assemblés
le silence
le beau silence a
chanté
à ce moment tu as reconnu
le son du nom qui te
nommait
et maintenant tu lèves
ton visage vers ton
nom
quel flot
t’enlève ?
tu cours
à travers champs
délivré
© Pericle Patocchi
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire