samedi 7 juin 2014

Anna de Noailles, la grande méconnue




Si l'on pense à Anna de Noailles, les premiers mots qui viennent à l'esprit sont : une grande amie de Marcel Proust ; une femme du monde, superficielle, etc.
Tout cela est bien connu.

Mais son œuvre, ses poèmes qui vous enserrent l'âme par leur force évidente : qui les connaît encore ?

Anna de Noailles, cette grande poète qui a écrit avec tant de vigueur sur la peine et les maigres joies de l'existence, a pourtant de ces mots qui prennent, pour ainsi dire, la souffrance par le col !

Un exemple suffira :

"Et peut-être que la souffrance / Est l'unique et sombre péché".

Ce vers, si simple en apparence, recèle toute une ode à la vie !

Il n'est d'ailleurs pas sans m'évoquer un vers d'Anna Akhmatova, dans Requiem - Poème sans héros et autres poèmes : "Pardonne-moi, j'ai vécu triste / Et sans faire fête au soleil".

Un profond poème - pourvu qu'il trouve le chemin de notre âme -, sera toujours une flamme à laquelle on se brûle avec un douloureux plaisir.

Anna de Noailles disait avec tant de force : "Hélas je n'étais pas faite pour être morte".

Chaque fois qu'un lecteur entre dans son oeuvre, par-delà la mort elle retrouve un souffle de vie.


© Thibault Marconnet

10/06/2013


Philip Alexius de László, Anna-Elisabeth, comtesse de Noailles, 1913

2 commentaires:

  1. De vraies préoccupations que ces questionnements sur le sens de la vie, le fatalisme face à la quête du bonheur, le sens que l'on peut mettre derrière etc... Merci pour ces charmants vers qui ne peuvent que m'accompagner dans ces réflexions.

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    1. Salut El Norton,
      Je suis heureux de pouvoir nourrir tes réflexions et, qui plus est, dans la si belle compagnie d'Anna de Noailles. Shakespeare a écrit ceci de magnifique dans sa pièce "La Tempête" : "Nous sommes de l'étoffe dont les songes sont faits, et notre petite vie est cernée de sommeil".
      Cette citation d'une incroyable pénétration d'esprit m'accompagne depuis plusieurs années. Je crois que c'est ma lecture du moment : "Le Conte d'hiver" du grand dramaturge anglais, qui me l'a rappelé à la mémoire.

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