jeudi 12 juin 2014

Un fantôme parmi des vivants

Thibault Marconnet, Fantomatique, 2011


Je me trouve dans un petit cinéma où deux de mes courts-métrages viennent d'être diffusés : Le fil inverse et La Pièce. Je viens d'avoir 30 ans. Je suis célibataire depuis 3 ans. Mes amis qui sont venus assister à la projection sont tous mariés, ou en tout cas en couple, et ont des enfants. Nous sommes au petit buffet qui a lieu après la projection. Je me tiens près de Benoît, un ami à moi qui a 32 ans et un bambin en route.
Une jeune femme m'interpelle:
« Ivan?
- Oui?
Son visage ne me dit rien du tout.
- Tu ne me reconnais pas ?
- Euh, non, désolé, je ne vois vraiment pas.
Son visage est charmant, elle a un sourire d'ange. Je pourrais tomber là, tout de suite, dans la seconde qui vient.
- Flore, ça ne te dit rien ? En même temps ça fait 10 ans que l'on ne s'est pas revus.
Je me rappelle à présent de cette fille dont j'étais amoureux 10 ans plus tôt ; et qui était sortie avec un ami à moi. J'avais vécu cela comme une profonde trahison à l'époque. Mais il y'a prescription maintenant.
- Oui, je me rappelle maintenant. Tu as pas mal changé à vrai dire.
- Toi aussi, mais comme je suis toujours une grande cinéphile, j'ai vu ton nom pour cette projection de courts-métrages et j'ai trouvé ça amusant de te retrouver 10 ans plus tard.
- Oui...C'est amusant en effet...Et comment va ce cher Fabrice ?
- Fabrice ? Tu as bonne mémoire dis-donc. Je ne suis plus avec lui depuis longtemps.
Il y'a en effet prescription, dans tous les sens du terme.
- Ah bon ? Et tu as quelqu'un en ce moment ?
- Non, ça fait 1 an que je suis célibataire. J'avais envie de prendre un peu de temps pour moi après ma dernière relation. Et toi ?
-Euh... Non, je n'ai personne non plus. En fait j'ai eu des relations, mais elles n'ont jamais abouties. Et tu as quel âge maintenant ? Arrête-moi si je fais fausse route, 28 c'est bien ça ?
- Oui, c'est ça. Alors comme ça tu as pu faire des films, c'est génial ! Je les ai vraiment trouvés bons.
Quelqu'un d'autre m'aurait dit une telle banalité, j'aurais grincé des dents, mais elle me dit cela sans se départir de son sourire, sans abandonner ce corps magnifique, sans que la lueur de ses yeux, qui m'enivre depuis tout à l'heure, ne disparaisse. Alors je fonds, bien entendu.
- Merci...Merci beaucoup.
Nous en venons à échanger nos numéros de téléphone respectifs, car je dois rentrer chez moi. En fait je n'ai toujours pas le permis, et Benoît doit me ramener en voiture.
Je lui dis que je l'appellerais bientôt sans faute, et qu'on aura plus de temps pour parler, que ce sera pour nous l’occasion d’évoquer la décennie passée loin l’un de l’autre.
Je pars avec Benoît. Je me retourne et je vois son sourire qui accompagne mon départ. Je pourrais pleurer si seulement je savais encore comment on fait.
Je me retrouve dans la voiture de Benoît, qui me pose des questions :
- C'était qui cette petite beauté?
- Une ancienne amie à moi que je n'ai pas revu depuis 10 ans.
- Et tu vas la revoir maintenant?
- Oui, c'est dans mes projets.
Benoît sourit. Il est devenu si assagi depuis qu'il est avec Coralie, sa compagne. Et encore plus depuis qu'elle attend un enfant. Je me demande où est passé l'ancien Benoît, celui qui profitait de la vie, qui n'avait pas ces rides au front, celles qui sont signes de responsabilités. Mais le nouveau Benoît garde ce même sourire, comme un vieux sparadrap scotché aux contours des lèvres, ce sourire un peu niais que je ne supporte pas.
- Tu sais Benoît, quand je pense à toi et à Coralie, ou à tous mes autres amis qui sont mariés et ont des enfants, ou vont en avoir, j'ai comme l'impression...
- Oui ? Finis ta phrase.
- C'est une sorte de métaphore pour exprimer ce que je ressens en tant que célibataire sans enfant.
- Oui, justement tu ne l'as toujours pas dite.
- Tu ne vas sûrement pas apprécier, mais j'ai l'impression d'être comme un vivant parmi des fantômes.
Benoît a changé brusquement d'expression. Il a décollé son sourire fade de sa bouche. Il me regarde enfin. Plus comme si je n'étais qu'un élément du décor.
- Donc...En somme tu veux dire que moi et Coralie et tes autres amis, nous sommes des fantômes et que toi tu es vivant ? Autrement dit que le fait que nous soyons en couple depuis longtemps, que Coralie attend un enfant, fait de nous des morts ?
- Écoute Benoît, j'ai utilisé cette métaphore car c'est celle que je trouvais la plus juste à mon ressenti, c'est tout.
- C'est bon, ferme là. Pas la peine d'essayer de te justifier. Tu es frustré c'est tout. Tu es jaloux parce que nous au moins, nous sommes heureux. Je n'échangerais pour rien au monde ta petite vie morne de célibataire contre la mienne.
- Ok, mettons que je n'ai rien dit.
- Si, tu as dit quelque chose justement. Et de très stupide.
- J'ai juste l'impression que toi et Coralie, et ça ne s'applique pas qu'à vous, vous êtes enfermés dans votre vie conjugale, et encore plus avec votre enfant qui va arriver.
- Je te rassure, Coralie et moi ne sommes pas du tout enfermés, nous profitons de la vie, sûrement mieux que toi d'ailleurs.
Je décide d'arrêter là cette discussion qui ne nous mènera nulle part. Je suis un célibataire sans enfant, donc je ne peux pas le comprendre.
Benoît se tait, ma réflexion l'as mis de très mauvaise humeur. Il me dépose en bas de l'immeuble où j'occupe un petit studio. Tout ce qu'il y'a de plus célibataire, mal rangé, etc. Il répond à peine à mon signe de la main quand il repart.
Pourquoi même l'amitié devient si compliquée avec le temps qui passe?


Le lendemain matin, je décide d'appeler Flore. Je n'ai rien à perdre après tout. Je l'ai au téléphone et nous nous donnons rendez-vous dans un petit café sympathique.
J'arrive au café, elle est toujours aussi renversante. Elle arbore un haut blanc en dentelle vertigineux, et une jupe couleur crème qui met en valeur ses jambes superbes.
Je m'assieds et nous parlons. Nous évoquons chacun à tour de rôle ce qui nous est arrivé depuis ces 10 ans pendant lesquels nous ne nous sommes pas vus.
À un moment je n'en peux plus de la voir si belle et je lui dis :
- Flore, je ne sais pas si je te l'ai déjà dit, mais j'ai le vertige...
- Comment ça ? Je ne comprends pas. De quoi parles-tu ?
Elle n'a pas saisi la petite plaisanterie. À vrai dire je dois être le seul à être resté dans cet état d'esprit.
- Euh...Pourquoi je parlais de ça ? Tu ne m'as pas dit que tu allais bientôt faire du parapente ?
- Non, pas du tout.
- Ah...Alors j'ai dû mal entendre.
Je me sens gêné tout d'un coup, et complètement stupide. Mais je reste là, en essayant de me rattraper et de ne pas passer à nouveau pour un imbécile. Je l'invite à dîner, et là je crois bien que je vais mourir sur le coup, elle accepte.
Le dîner se passe à merveille. Elle est passée se changer chez elle entre-temps, et elle porte une robe encore plus vertigineuse que son haut blanc. Je tente encore une petite plaisanterie à tout hasard.
- C'est idiot, avec un pareil dénivelé, j'aurai dû prendre un piolet, pour ne pas tomber.
- Ivan ? Tu es sûr que tout va bien ?
Oui, tout va bien, mais je suis dans les sous-entendus ce soir. Alors forcément je passe pour un abruti à tes yeux, mais je crois que je t'aime. Et là maintenant, comme ça, je ne pourrais pas te le dire, parce que je suis resté un éternel timide, et j'ai peur que tu partes de nouveau, pour ne plus jamais te revoir.
- Oui, tout va bien, je pensais tout haut.
Je la raccompagne chez elle après le restaurant.


Deux ans se sont écoulés depuis cette soirée. Je suis dans un bar avec Benoît. Je suis angoissé car demain, Flore et moi (nous sommes ensemble depuis un an maintenant), devons nous rendre à un dîner chez mon meilleur ami qui est marié et a un enfant. Bien sûr pour couronner le tout, il y'aura aussi deux autres de mes amis mariés avec des enfants à cette soirée, dont Benoît et Coralie, qui ont eu une fille.
Benoît me demande pourquoi je suis si nerveux. Je lui avoue enfin mes craintes.
- Je n'ai jamais été à l'aise avec des amis en couple, et encore moins quand ceux-ci ont des enfants.
- Oui, mais tu n'es plus « le vilain petit canard » comme avant. Tu es avec Flore maintenant, tu es toi aussi en couple.
- Oui...Mais...C'est compliqué...
- Comment ça ? Votre relation n'est pas au beau fixe ?
- Si, si...On s'entend très bien et je l'aime vraiment, mais...Elle a 30 ans tu vois, et elle aimerait un enfant. Le problème c'est que moi je n'en veux pas...
- Mon pauvre Ivan, comme ça doit être dur.
- Ne sois pas ironique s'il te plaît...Oui c'est dur, parce que je sens bien que cette situation ne la satisfait pas.
- Je ne peux pas t'aider pour ça. C'est vrai que si elle veut un enfant, elle n'en démordra pas.
- Justement, j'ai peur qu'elle me quitte à cause de ça, alors qu’on est si bien ensemble.
- Et si tu lâchais prise un peu ? Un enfant ce n'est pas la fin du monde, au contraire, c'est plutôt son commencement.
- Écoute Benoît, tu sais bien que je ne peux pas. Les enfants me font peur.
- Ok, mais arrête de t'angoisser pour ce soir, tout va bien se passer.
Flore et moi nous rendons le soir même chez Matthieu, mon meilleur ami, qui vient d'avoir 37 ans, et qui a un fils de 5 ans. J'ai apporté une bouteille de vin, bien que je n'en boive pas. Je n'ai jamais aimé ça. J'ai pris une bonne bouteille, pour leur faire plaisir. Benoît et Coralie sont déjà là, ainsi que Martin et Aurore et leur fille de 6 ans. À notre arrivée, Flore et moi sommes accueillis par un chœur de: « Bienvenue les amoureux! ». Rien que cette phrase insipide me provoque la nausée. Je sens que cette soirée s'annonce plutôt mal.
Benoît débouche la bouteille en me complimentant sur le choix. Il n'y a pas de quoi, j'ai seulement fait appel aux conseils de mon père en la matière. Il nous sert tous. Je regarde le liquide rouge dans mon verre. Je l'approche de mes lèvres. J'en bois une petite gorgée. Benoît me dit :
- Alors monsieur l'expert ? Il est excellent n'est-ce pas ?
- Euh...Oui, oui.
Flore est assise à côté de moi. Contrairement à moi, elle aime le vin. Les enfants jouent dans le salon. Je les entends piailler. J'ai mal à la tête. Il me faudrait de l'aspirine, mais je n'ose pas en demander. Mes amis sont en grande discussion. J'y prête rapidement une oreille désintéressée. Toujours les mêmes sujets de discussion, qui tournent autour de leur travail, de la décoration de leur appartement, des dents de lait que perdent leurs enfants, du stress que ceux-ci peuvent connaître dès le plus jeune âge à l'école maternelle, des anxiolytiques qui s'entassent dans leurs tiroirs, etc.
Je commence à somnoler. Flore me donne un léger coup de pied sous la table. J'affiche mon plus grand sourire, et aussi le plus forcé. J'ai emmené avec moi un album du groupe Joy Division. Groupe dont le chanteur, Ian Curtis, s'était suicidé en 1980. Si c'était à cause d'une soirée comme celle-ci, je pourrais aisément le comprendre. Mais je me dis d'arrêter là mon humour caustique. Je leur propose de mettre le disque. La femme de Matthieu me dit que ce n'est pas une musique à mettre en présence des enfants, qu'elle a des ondes négatives et qu'elle possède une sorte de mauvais karma qui pourrait interagir avec celui des gosses, ou une connerie de ce genre. Je reste sans voix. Tu la vois l'onde négative au bout de mon poing ? J'insiste. Elle accepte à condition que je mette le son à un niveau très faible. Si je traduis, c'est à dire quasiment nul. Je mets le cd. Elle me dit que c'est déjà trop fort. Je soupire pour moi-même et baisse le volume qui avoisine dangereusement le zéro. Je vais me rasseoir à la table. Leur discussion mortifère n'a pas cessé depuis tout à l'heure.
À un moment, en guise de plaisanterie de très mauvais goût, Benoît demande, s'adressant à moi et Flore, avec ce sourire niais qu'il arbore en permanence :
- Alors ce bébé, c'est pour quand ?
Je regarde Flore. Elle est devenue toute rouge. Elle me jette un regard embarrassé. Ce n'est pas moi qui répondrais, débrouille-toi toute seule ma cocotte. Elle répond à Benoît :
- On n'est pas pressés tu sais. »
Je regarde attentivement son visage. Ses yeux sont mouillés. Une petite larme, toute fine, commence à descendre le long de sa joue. Elle l'essuie brutalement. Elle me regarde, les pupilles pleines de colère de lui avoir fait endurer ça.
Je baisse les yeux. Mes amis semblent s'en préoccuper comme de l'an 40, et ils continuent leur discussion stérile.
Les enfants jouent et crient. Je sens que ma tête va exploser. J'ai 32 ans et je ne me ferai jamais à cette vie bien rangée. Je le sais. Je le sens de tout mon être. Je me concentre sur la musique, qui plutôt que d'être en fond, est carrément en sourdine. Flore est en train de rire maintenant avec mes amis. De quoi ? ça m'est égal désormais. Je perçois la voix rauque de Ian Curtis qui chante : « I've got the spirit, but lose the feeling... ».
Je songe au fait que je n'aie été marié jusqu'à présent qu'à une seule entité : la vie. Et je sens que ce soir je vais enlever mon alliance.
Je m'accroche désespérément à la faible musique comme à la lueur vacillante d'un phare, une nuit de grand vent. Je sais maintenant que je ne suis qu'un fantôme parmi des vivants.


© Thibault Marconnet

2005-2006


Thibault Marconnet, Fuite, 2012

6 commentaires:

  1. Passionnant, vraiment. J'ai absorbé ce récit.
    Désolé de ma question, dont la réponse est peut-être quelque part en évidence ou même implicite, mais ce texte est-il isolé ou fait-il partie d'un ensemble quelconque ?
    Dans ce dernier cas, je serai curieux de découvrir cela =)
    Bravo, vraiment, c'est rare que je lise un truc aussi long sur l'ordinateur. Mes yeux fatiguent vite, mais pris dans un élan de passion, le manque de sommeil ne pèse plus bien lourd...

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    1. Merci beaucoup, El Norton, pour ton commentaire qui me fait chaud au coeur, tu peux me croire. Je suis vraiment heureux de savoir que tu as pu t'immerger dans ce petit texte.
      Ne sois pas désolé de ta question : elle est parfaitement légitime. Ce texte ne se rattache pas à un ensemble, il fait partie de mes quelques tentatives d'incursions dans le domaine de la narration et de la prose. En 2003 ou 2004, j'avais écrit une espèce de "livre-fourre-tout", intitulé : "Les Mondes Obsidiens" (en référence à l'obsidienne, une roche volcanique) ; livre que j'avais envoyé à plusieurs maisons d'édition, des grandes et des plus petites. Aucune ne l'accepta et je le comprends parfaitement : mon récit partait dans tous les sens, ça fourmillait d'associations de mots complètement hermétiques et la trame narrative était plus mince qu'une allumette... J'ai quand même reçu une lettre personnelle très encourageante de la part des Editions du Seuil et m'invitant à leur envoyer d'autres écrits dans le futur. Comme toi, mes yeux fatiguent vite à lire sur un écran. Alors je suis d'autant plus touché de savoir que, malgré ce désagrément, l'histoire t'a retenu. Encore merci à toi !
      Ps : Ces temps-ci, je ressors de vieux textes en prose de mes tiroirs. J'ai notamment remis la main sur un autre petit texte intitulé "Capitale ?" et que je posterai peut-être un jour mais il est sacrément sordide. À l'époque, j'étais très marqué par la lecture de Brett Easton Ellis ou encore Hubert Selby Jr., et mon imaginaire s'en ressentait.
      Tiens, j'y pense, j'ai posté dernièrement un petit texte aux accents apocalyptiques qui pourrait peut-être te plaire :

      http://le-semaphore.blogspot.fr/2014/06/journal-dun-cyanose.html#

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  2. Salut Jimmy,
    Rassure-toi, je ne prends pas du tout en mauvaise part ton commentaire. Ma propre appréciation vis-à-vis de cet écrit va peut-être d'ailleurs te surprendre. Ce texte n'est pas très récent : 2005 ou 2006. À l'époque, je flottais encore dans une espèce de post-adolescence. Je lisais principalement des auteurs tels que Brett Easton Ellis, Hubert Selby Jr., Maurice G. Dantec, etc. Ainsi qu'une éponge, j'absorbais ces différentes lectures mais sans en faire grand chose de très intéressant. Ce texte est bourré de lourdeurs et je le trouve très "facile". Je n'avais pas, à cette période de ma vie, un recul suffisant et je ne possédais pas non plus les exigences qui sont les miennes aujourd'hui en matière d'écriture. Je ne pourrais plus écrire de textes dans une prose si fluette : cela me ferait plutôt honte. Peut-être connais-tu la phrase de Julien Gracq : "Vous voulez savoir ce que je pense de mes livres ? Infiniment plus de bien et plus de mal que vous." Ce texte n'a aucune prétention, l'écriture est lourde, pleine de tics mal digérés de lectures antérieures. Mais j'y suis attaché malgré tout. Peut-être parce qu'il témoigne d'un stade de mon existence où mon écriture avait quelque chose de "bègue" et de très bancal ; une époque où je tâtonnais, où j'essayais de faire mes "gammes" tant bien que mal. Disons, pour employer une image, que mon "violon d'Ingres" sonnait alors comme un crincrin.
    Ce texte ne fait qu'effleurer l'écume des choses, j'en ai la parfaite conscience. En fait, je le considère surtout comme un exercice. Je n'aurais pas le désir de le retravailler pour autant : il ne me correspond plus du tout (du moins dans sa forme). C'est un petit morceau de passé que je donne à lire, sans prétentions. Aujourd'hui, je continue de faire mes "gammes" en écriture mais de manière beaucoup plus affirmée qu'auparavant et sans tomber dans quelque chose de "scolaire". Tu peux le constater, en prose, à la lecture de textes récents tels que "Le guide" ou encore "Cercle de feu" : mon écriture s'est affinée et, ainsi que je le ressens, elle a gagné en force, en détermination.
    Ps : Je veux bien que tu m'expliques les signes pour les dialogues même si, je dois te l'avouer, j'aime apprendre en autodidacte. Ma "formation", je la fais seul, en compagnie des écrivains que j'admire et que j'aime. Et puis, c'est délicat car tu n'es pas sans savoir que nombre d'auteurs se sont permis des "licences" formelles qui ont, de ce fait, dynamité ce qui avait jusqu'alors une valeur usuelle et bienséante (Céline, Joyce, etc.). Par exemple, en ce moment, je lis un livre prodigieux de l'écrivain allemand Arno Schmidt : "Scène de la vie d'un faune". Et le moins qu'on puisse dire, c'est que les signes propres aux dialogues (et tout un tas d'autres règles), il s'en tamponnait allégrement le coquillard !

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  3. Mon cher Jimmy,
    Ôte-toi vite ce souci de l'esprit. Tu ne m'as nullement blessé et je n'ai pas du tout mal pris ce que tu m'as dit ainsi que tu pourras t'en apercevoir dans ma réponse à ton précédent commentaire.

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  4. Salut Chris,
    Je suis content de savoir que tu as pu, toi aussi, prendre du plaisir à la lecture de ce petit texte sans prétentions. Ainsi que je le disais à Jimmy, je ne pourrais plus aujourd'hui écrire de textes de la sorte : c'est lié à une époque encore très "adolescente" de mon existence, un moment de ma vie où je tâtonnais tant bien que mal dans la prose ainsi que dans la poésie. Cela fourmillait de références un peu mal digérées. Ce texte de 2005-2006 ne me correspond plus du tout dans l'idée que je me fais désormais de mon rapport à l'écriture. Mais cependant j'y reste attaché. C'est un peu comme ces petites babioles que l'on conserve précieusement et qui n'ont d'autre valeur que sentimentale.
    Le roman n'est pas pour tout de suite, si un jour roman il doit y avoir. J'ai pris conscience de mes limites quant à la prose et je m'y essouffle vite. Mais je ne peux augurer de l'avenir. Je pense que je serai certainement très étonné ainsi qu'il m'arrive déjà de l'être par tout un tas de choses dont je ne me croyais pas capable jusqu'à présent.

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  5. Parfaitement d'accord à ce sujet. Et je crois que lire, dévorer des classiques, est aussi une très bonne manière d'apprendre. Je commence à connaître les règles de mieux en mieux, Jimmy. Certes, je suis loin de tout connaître (et qui pourrait le prétendre...) Voilà pourquoi, apprendre à les détourner, est de plus en plus un choix et de moins en moins une erreur de ma part (étant donné que ce texte, je le rappelle, date de 2005-2006). Je crois que c'est Kafka qui disait vouloir "écrire comme dans une langue étrangère au sein de son propre langage". Or, si l'on se cantonne trop aux règles, c'est chose absolument impossible. D'ailleurs, mes "gammes" consistent principalement à ingurgiter les règles usuelles de la forme d'un texte pour mieux me défaire de certaines par la suite. J'aimerais te donner un exemple (il en existe bien d'autres). Bruno Dumont est pour moi le plus grand cinéaste français du XXIe siècle. Et il n'a fait aucune école de Cinéma. Avant de réaliser des films, il était professeur de philosophie dans le Nord, son terreau d'origine. Son écriture scénaristique est proprement "blasphématoire" pour tous les pointilleux de service en ceci qu'elle ne respecte aucune des règles assez bornées et limitantes de cette forme d'écriture que j'ai pu un peu pratiquer lors d'études d'Audiovisuel. Et pourtant, au bout naissent des chefs-d'oeuvre. J'aurais aussi bien pu prendre l'exemple d'Orson Welles.

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