Si l'on pense à Anna
de Noailles, les premiers mots qui viennent à l'esprit sont : une grande amie
de Marcel Proust ; une femme du monde, superficielle, etc.
Tout cela est bien
connu.
Mais son œuvre, ses
poèmes qui vous enserrent l'âme par leur force évidente : qui les connaît
encore ?
Anna de Noailles,
cette grande poète qui a écrit avec tant de vigueur sur la peine et les maigres
joies de l'existence, a pourtant de ces mots qui prennent, pour ainsi dire, la
souffrance par le col !
Un exemple suffira :
"Et peut-être que
la souffrance / Est l'unique et sombre péché".
Ce vers, si simple en
apparence, recèle toute une ode à la vie !
Il n'est d'ailleurs
pas sans m'évoquer un vers d'Anna Akhmatova, dans Requiem - Poème sans héros et autres poèmes : "Pardonne-moi,
j'ai vécu triste / Et sans faire fête au soleil".
Un profond poème -
pourvu qu'il trouve le chemin de notre âme -, sera toujours une flamme à
laquelle on se brûle avec un douloureux plaisir.
Anna de Noailles
disait avec tant de force : "Hélas je n'étais pas faite pour être
morte".
Chaque fois qu'un
lecteur entre dans son oeuvre, par-delà la mort elle retrouve un souffle de vie.
© Thibault Marconnet
10/06/2013
Philip Alexius de László, Anna-Elisabeth, comtesse de Noailles, 1913 |
De vraies préoccupations que ces questionnements sur le sens de la vie, le fatalisme face à la quête du bonheur, le sens que l'on peut mettre derrière etc... Merci pour ces charmants vers qui ne peuvent que m'accompagner dans ces réflexions.
RépondreSupprimerSalut El Norton,
SupprimerJe suis heureux de pouvoir nourrir tes réflexions et, qui plus est, dans la si belle compagnie d'Anna de Noailles. Shakespeare a écrit ceci de magnifique dans sa pièce "La Tempête" : "Nous sommes de l'étoffe dont les songes sont faits, et notre petite vie est cernée de sommeil".
Cette citation d'une incroyable pénétration d'esprit m'accompagne depuis plusieurs années. Je crois que c'est ma lecture du moment : "Le Conte d'hiver" du grand dramaturge anglais, qui me l'a rappelé à la mémoire.