Avec
Pizzica Indiavolata, leur
dix-septième album, le Canzoniere Grecanico Salentino, groupe de musique
traditionnelle du Sud de l’Italie, nous invite à une danse endiablée avec le soleil.
Pour élargir leur cercle de feu, ils ont fait appel au musicien malien, Ballaké
Sissoko, célèbre joueur de kora, cet instrument africain à mi-chemin entre le
luth et la harpe. Ce dernier les accompagne notamment sur le morceau E Chora’ Tu Anemu, musique qui évoque le
battement du cœur, le sillon des larmes séchées sur la peau brûlante et la
ronde folle des astres. Le chanteur Piers Faccini, prête également sa voix à
leur cavalcade musicale sur un morceau intitulé La Voce Toa, chanson écrite pour l’occasion.
La pizzica est une danse fiévreuse qui nous
vient tout droit du talon de la botte italienne. Elle s’apparente à un genre
plus vaste, appelé tarentelles. Le
nom de tarentelle, dérivé de la tarentule, prendrait son origine d’une piqûre
venimeuse de ladite araignée. Pour conjurer le poison de cette dernière, le
malade devait danser, danser jusqu’à plus souffle dans la chaleur du soleil
italien ; faire tournoyer son corps dans les flammes de l’étoile d’or qui
cogne aux tempes comme un tambour. La pizzica
conduit le corps à l’exultation ; elle le délivre de toute cette lourde
peine qui l’enserre et la fait tomber aux pieds du danseur comme une robe rouge
déchirée, une rose fanée. Danse exutoire, elle constitue un précieux antidote
pour exorciser le mal d’amour.
Les chants qui se rattachent à cette envolée du
corps parlent de la vie quotidienne. Je vois cette danse comme une libération
de l’âme. Dans sa fougue, le corps se déleste de sa souffrance en martelant le
sol avec frénésie ; les pieds labourent la poussière et leur écho de basse
résonne vers l’autre boule de feu qui se trouve au centre du globe, dans son
magma primordial : soleil intérieur dans le ventre de la terre. Nietzsche
écrivait admirablement : « Il faut beaucoup de chaos en soi pour
accoucher d’une étoile qui danse. » Alors sachons faire naître une étoile
depuis notre chaos intime, afin qu’une danse dionysiaque nous élève corps et
âme jusqu’au faîte de la transe, tendus comme des arcs vers le coquelicot de
feu qui règne au bleu du ciel. Et que nous enivre l’opium du soleil !
© Thibault Marconnet
le 1er février 2014
Tracklist :
01 - Nu Te Fermare
02 - Aremu An Me ’Gapa (Feat
Ballake Sissoko)
03 - Focu D’Amore
04 - Bella Ci Dormi
05 - Tamburieddhu Mia
06 - Questa Mattina
07 - E Chora’ Tu Anemu (Feat
Ballake Sissoko)
08 - Itela
09 - Sta Strada
10 - Pizzica A Marino
11 - La Voce Toa (Feat Piers
Faccini)
12 - Tira Cavallu
13 - Pizzica Indiavolata
13 - Pizzica Indiavolata
Le Canzoniere Grecanico Salentino |
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