vendredi 21 novembre 2014

David Krakauer - Bubbemeises [2005]







Ce mot énigmatique de “Bubbemeises” m’a interpellé. Après recherche faite, il s’agit d’un mot yiddish ayant en somme pour signification : « les contes de fées de ma grand-mère ».
Ou pour le dire autrement : « les mensonges que m’a raconté ma grand-mère » ainsi que le suggère le sous-titre de ce prodigieux album.

Allez ! poussons mère-grand dans les orties !

Ici pas de mensonge musical : David Krakauer manie la clarinette avec génie. Il la fait tour à tour rire, pleurer, gronder, exulter. Toutes griffes dehors, “le chat” Krakauer se fait la voix. Il va chercher au plus loin des entrailles de son instrument et la magie du klezmer est au rendez-vous.

Magie furieuse, athanor d’alchimiste auquel se rattachent un DJ, Socalled, le malicieusement bien nommé ! et le Klezmer Madness!, groupe fondé par David Krakauer afin de revisiter le folklore klezmer.
Attendez-vous à des étincelles et à des éclats de verre brisé !

Au programme : clarinette biberonnée à la vodka ; guitare électrique survoltée ; batterie déchaînée ; basse comme un tonnerre assourdi et platines qui dansent la polka !

Le klezmer, c’est une joie baignée de larmes – ainsi que j’aime à le dire.

Cette musique qui a pris sa source dans les pays de l’Est auprès des juifs ashkénazes, est le plus beau témoignage musical qui soit d’un peuple en proie depuis des millénaires à la bêtise crasse de tant d’imbéciles. 

Musique abreuvée de dérision, de mélancolie, de colère, de grotesque : le klezmer est tant de choses à la fois.
C’est un chant qui vibre ici et maintenant.

Car le Paradis, pour les juifs, c’est d’abord et avant tout sur terre qu’il a lieu. Le reste est littérature ou, pour le dire avec Krakauer et sa fine équipe, c’est du “Bubbemeises”.

Qu’on se le dise !


© Thibault Marconnet

21/01/2014




David Krakauer

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