Ce mot énigmatique de “Bubbemeises”
m’a interpellé. Après recherche faite, il s’agit d’un mot yiddish ayant en
somme pour signification : « les contes de fées de ma
grand-mère ».
Ou pour le dire
autrement : « les mensonges que m’a raconté ma grand-mère » ainsi que
le suggère le sous-titre de ce prodigieux album.
Allez ! poussons
mère-grand dans les orties !
Ici pas de mensonge
musical : David Krakauer manie la clarinette avec génie. Il la fait tour à
tour rire, pleurer, gronder, exulter. Toutes griffes dehors, “le chat” Krakauer
se fait la voix. Il va chercher au plus loin des entrailles de son instrument
et la magie du klezmer est au rendez-vous.
Magie furieuse,
athanor d’alchimiste auquel se rattachent un DJ, Socalled, le malicieusement bien
nommé ! et le Klezmer Madness!, groupe fondé par David Krakauer afin
de revisiter le folklore klezmer.
Attendez-vous à des
étincelles et à des éclats de verre brisé !
Au programme : clarinette
biberonnée à la vodka ; guitare électrique survoltée ; batterie
déchaînée ; basse comme un tonnerre assourdi et platines qui dansent la
polka !
Le klezmer, c’est une
joie baignée de larmes – ainsi que j’aime à le dire.
Cette musique qui a
pris sa source dans les pays de l’Est auprès des juifs ashkénazes, est le plus
beau témoignage musical qui soit d’un peuple en proie depuis des millénaires à
la bêtise crasse de tant d’imbéciles.
Musique abreuvée de
dérision, de mélancolie, de colère, de grotesque : le klezmer est tant de
choses à la fois.
C’est un chant qui
vibre ici et maintenant.
Car le Paradis, pour
les juifs, c’est d’abord et avant tout sur terre qu’il a lieu. Le reste est
littérature ou, pour le dire avec Krakauer et sa fine équipe, c’est du “Bubbemeises”.
Qu’on se le
dise !
© Thibault Marconnet
21/01/2014
David Krakauer |
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