Thibault Marconnet, Bulles vertes, 2013 |
Les
poètes sont des braises dans la nuit.
La
poésie ne se courtise pas,
elle
se prend.
Poète,
aux yeux ouverts
sur
l'électricité des rêves.
Poète,
au cœur d'orages
sur
le monde
qui
suinte au bout des doigts.
Poète,
au ventre tendu –
la
vie qui palpite
ne
peut être rendue.
Nous
venons de l'errance,
le
monde plein les veines.
L'univers
claque sous nos encres
de
cette harmonie
qui
se féconde du trouble.
L'eau
jaillit de notre bouche –
l'âme
en funambule
sur
le rasoir du grand théâtre.
Vibre,
saute, jacte l'imaginaire !
La
mort qui nous regarde
n'est
plus qu'une note à l'agonie
quand
nous froissons
cette
écriture qui plonge
à
travers le sang
de
tout ce qui est double.
Nous
sommes le miroir fragmenté
lacéré
de reflets d'absolu.
Nous
sommes cette fissure enceinte
qui
parle d'unique.
Nous
sommes le sable des plaines
et
la lumière qui l'embrase.
La
voix qui tressaute en nous
jusque
sur la langue
jusque
sous la peau
dans
l'infini du soleil
au-delà
des écueils –
cette
parole-là
est
pure poésie.
Que
veut la braise
quand elle est déjà flamme ?
© Thibault Marconnet
10/03/08
Thibault Marconnet, Paysage acide, 2011 |
Dans mon jargon phraseur " il est intéressant d' étudier la mise en abyme que font les poètes de leur écriture.." J' aime bien le " rêveur sacré" de Hugo, j' aime encore plus ce mélange passionné de tous les éléments et de toutes les sécrétions qui associe ta poésie à une danse tribale, fébrile et mystique.Et ici, et avec ton recueil, franchement, je me régale!Enfin, des tripes et de la profondeur!
RépondreSupprimerTu sais bien me cerner, Isabelle. La "passion" m'anime, au sens étymologique du mot, qui se rattache "au fait de souffrir". D'ailleurs, je ne sais pas quel est ton avis sur la question mais, pour ma part, j'ai horreur de tous les galvaudages que "l'on" fait subir à notre langue. "Passion" devient "Loisir" ; "Epicurien", "Bon vivant" ; "Clochard", "Sans Domicile Fixe" ; "Romantisme", "Dîner aux chandelles", et j'en passe... Je ne supporte pas cet assassinat du sens, de la sémantique. La sémantique est la semence du langage : elle est ce qui le maintient hors des sables mouvants de notre monde voué à la toute-puissante technique, à la déshumanisation de chaque être afin de mieux le vider de sa vie intérieure, de sa substance divine.
SupprimerLa profondeur nous fait cruellement défaut et l'écume des choses emporte tous les suffrages...
Pourquoi y a-t-il toujours autant de colère dans tes mots ?
RépondreSupprimerSalut Keith,
SupprimerTous mes poèmes ne sont pas forgés dans la colère. Pour répondre à ta question : cette colère-là me pousse en avant, elle me maintient en vie. C'est une colère motrice.
Et puis, j'estime que la colère - tant qu'elle ne dévie pas vers la destruction de soi ou des autres -, est une bonne chose : c'est un ferment, une pulsion vitale. C'est une manière de réagir à ce qui nous entoure, à exprimer tout ce qui palpite en nous. Si je ne me libérais pas de cette colère (au moyen de l'écriture, du chant, de la peinture, etc) : celle-ci, tôt ou tard, m'engloutirait irrémédiablement. Je crois que trop d'individus se mettent des oeillères face à leurs propres émotions, se les dissimulent. Or, chaque émotion est nécessaire : elle a son mot légitime à nous dire. Ignorer cela, le nier, c'est se mettre dans des conflits intérieurs qui, au final, ne peuvent que nous détruire de l'intérieur. Mon postulat est de vivre pleinement chaque émotion qui me traverse. Souvent, l'on parle d'émotions "positives" ou "négatives". Il n'y a pas d'émotions "négatives" puisqu'une émotion, qu'elle quelle soit, existe, se fait sentir à nous. Le "négatif" comme son nom l'indique, c'est tout simplement ce qui nie l'existence. Et on ne peut "nier" l'existence d'une émotion, qu'elle soit "agréable" ou "désagréable". La seule chose que nous puissions faire, c'est d'accueillir chaque émotion - sans la juger.
Ce qui n'est pas chose facile, j'en suis bien conscient.
Ma réponse est un peu longue, Keith, mais je tenais à répondre au mieux à ta question.
Et tu as bien fait de me la poser.
Bien à toi,
Thibault
Je comprends tes sentiments. Surtout, ce n'était pas un reproche, mais plutôt un étonnement de ma part.
SupprimerLe monde d'aujourd'hui est un formidable terreau pour la colère : religion, pollution, politique… Je me soigne à coup de médicaments sonores : Rolling Stones, Motörhead, Led Zeppelin en intraveineuse et Beatles en suppositoire !!!!!
Belle journée !
Cher Keith,
SupprimerJ'avais bien compris qu'il ne s'agissait pas d'un reproche. Et je te suis reconnaissant car ta question m'a permis de m'élucider davantage dans mon positionnement intérieur. J'ai aussi tout un tas de "médicaments sonores" qui m'aident. C'est Nietzsche, je crois, qui disait : "Sans musique, la vie serait une erreur." Je ne saurais dire mieux...
Belle soirée à toi !
Elle m'a fait boire
RépondreSupprimerla nuit tout entière
au feu de son ventre
aux flammes de sa crinière...
Mon cher Jimmy,
RépondreSupprimerJe tenais à te dire une fois de plus combien j'apprécie tes poèmes déposés ici en offrandes.
Comme tu as pu le voir, j'aime à tenter de les poursuivre avec mes propres mots et par tout ce qu'ils font naître en moi.
Peut-être pourrions-nous essayer un jour ou l'autre, toi et moi, de forger quelques écrits à quatre mains ? Ce serait pour moi un immense plaisir.