mercredi 28 mai 2014

Traces

Thibault Marconnet, Plaie de la pierre, 2013



Dans la rumeur des terres absentes,
Des épines s’accrochent aux chairs mouillées ;
Par-delà les ombres s’enfantent
Le sel et la boue des éclipses exaucées.

Et ces corbeaux, griffes de nuit
Sur le ciel rouge et frémissant,
Sont la grêle qui parfois s'unit
Aux tiédeurs des soleils adolescents.

L’oubli a bercé mon sein de plaine
Qui remue sa tête de taureau blessé,
Cogne contre tout puis saigne
De ses fureurs, vieille bouche gercée.

Parmi ces arbres aux os décharnés,
L’eau ainsi qu’une faux, moissonne
Le cortège des fantômes civilisés,
Entre les mots qu’un silence aiguillonne.

Ici dans l’écume et le sable, orphelin,
Je porte des mains tremblantes à mes oreilles,
Dans l’attente du lent écho souterrain
Qui se charrie, immobile et sans merveille.

Parmi les stigmates bruns et flous
Qui brillent sur la route, chevaux sans crin,
Je palpe la trouée des cailloux
Aux pelages blancs : maigres astres marins.

Les champs sont renversés comme des statues
Et des traînées de braises vont s’y pendre ;
Alentour jactent des fièvres inconnues
Quand le feu témoigne de la cendre.

Mon ventre, infirme fourmilière,
S’agite de remous volcaniques ;
Sur l’horizon pyromane éclate la lumière
Qui ritournelle : profonde musique.


© Thibault Marconnet

08/05/08


Thibault Marconnet, Horizon pyromane, 2013

1 commentaire:

  1. C'est plutôt bon signe, mon cher Jimmy. Ton implication dans la lecture de mes écrits, est une chose qui m'est très précieuse.

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