Quand j’aurai rendu
visite aux hommes du monde entier,
Quand à travers leurs
mots, leurs chants, leurs plaintes j’aurai partout passé, ayant comme
laissez-passer
Auprès d’eux tous ma
fatigue et mon effort de nuit et de jour
Quand, pour comprendre
un mot de plus d’un frère éloigné,
J’aurai donné mes
aurores, mon sommeil, mes songes pendant dix années,
(Que
fait-il en Chine, cet homme-là
Et
celui-là, que fait-il dans l’Arabie ?
Qu’ont-ils
fait dans tous les temps, dans tous les pays ?
…
Lorsque j’aurai servi
les plus grands de tous,
Pouchkine, Ady,
Fröding, Imroulqaïs, Tou Fou,
Essénine, Maïakovsky,
Palamas,
Lorsque j’aurai vécu
sans sommeil, sans lit,
Je
déboucherai sur un grand désert,
Sans
personne,
N’ayant
plus que moi-même ;
Je
devrai m’expliquer avec les étoiles,
M’en aller tout petit
sous la grande clarté de la nuit,
Très
âgé,
Comme un qui a
traversé les pays et les âges.
Mais je me sentirai
jeune de la terre traversée, aimée,
J’aurai pour m’apaiser
toute la terre consolée.
© Armand Robin
(in Le
cycle du pays natal, p. 86-87)
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