Odilon Redon, Chaudron de la sorcière, 1879 |
Le temps est une
sorcière lubrique qui nous fait tourner dans son chaudron d’enfer et de
grâce.
L’état fiévreux est
ce qui nous rapproche du secret de l’âme. Ce secret comme une porte close
derrière laquelle des bacchantes accomplissent avec une foi terrible leurs
orgies.
Ceux qui ne
comprennent pas ou n’acceptent pas mon être intempestif et provocateur :
ceux-là ne sont pas mes vrais amis. Je laisse au vent et à leur aveuglement le
soin de les disperser loin de moi. Qu’ils croupissent dans leur esprit de
sérieux qui pue la noirceur humide des caveaux. Ceux-là seuls sont mes amis qui savent que j’existe et respire
avec une douloureuse intensité. Ma poitrine est une forge où les braises
accomplissent le sabbat immortel.
La nuit me pèse et
m’ennuie comme une putain aux dents jaunies et mal fardée. J’attends le jour,
fils de cendre ou de lumière.
J’aspire à un
désenchantement joyeux : cherchez l’oxymore qui chemine au fond de vous.
Et j’exècre ceux qui prennent la
vie comme un encensoir : tout est inutile fumée. La brûlure seule possède
sa vérité.
La vie est une
condamnation à mort.
Ce qui parle en moi,
je le sais : c’est le cri des âmes damnées. Je suis un feu follet.
Laissez-moi m’éteindre en paix à l’approche du jour qui n’est que le blasphème
de la nuit.
Ange de mort,
écarte-toi. Car les anges ne sont que créatures mortifères. J’aimerais l’ange
du vin car il porte en lui le chant du raisin pressé.
Ma vie n’est que
l’ombre de la mort. Ô toi, faucheuse servile, tu moissonnes quand c’est le
printemps. Tu as compris la puanteur de l’automne et tu veux faucher dans
l’ocre de la lumière.
Je crois ne m’être
jamais autant approché du feu noir qui couve en mon âme. Ainsi me suis-je
trouvé.
©
Thibault Marconnet
20/02/2011
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