Thibault Marconnet, L'Angoisse du clown, 2012 |
L'égarement est une forme de trouvaille : pure et sans conditions.
À Antonin Artaud, pour ce qu'il a pu m'inspirer
Une saillie de ténèbres
Volcaniques, essentielles
Celui qui n'a pas marqué
Son pas d'un filtre d'ombre
N'a pour écho
Que le vide infécondé
Une émanation de larves
Ensemble
Copulent les industries
Du sperme et de la digestion
Comme une mort lente
Une religion proclamée
De jouir du manger
Tout autant que la carne de l'autre
S'arracher, s'extirper
Qu'à condition
D'y laisser sa jouissance
De ruminant
Qui ne grince au milieu
Qu'à l'appel de l'autre
Vous me répondrez
Que le corps est fait pour exulter
Douce illusion de ce bas monde
Je ne m'attends plus
Je me devance
Et puisqu'il faut
Répondre de ses pensées
Je ne pense plus
Où chacun beugle pour soi
Dans cette promiscuité
Des hurlements de l'être
Il n'est pas de mort plus laide
Que la vie réduite à l'état de paralysie
Que l'intimité engrossée
Par des hommes et des femmes
Plus voyeurs qu'un démiurge
Une porte de secours
L'irréel est cette matière
Que voit l'être sensible
Et qu'il supplie
De ne plus voir
Son miroir, sa quête, sa lame de nuit
Lui sont choses obligées
Car c'est de là
Que naissent ses métamorphoses :
Dans les brèches et les plaies
De cette irréalité
Nue, sans artifices
Et qu'il porte en lui
Comme un enfant visionnaire
Aux yeux troués
Où la vulgarité
Se veut conscience
Ne restent que deux écueils :
L'imaginaire et la mort
Et si parfois l'imaginaire est mort
La mort n'est pas imaginaire
Celui-là pleurait
Les veines dans la bouche
Un autre ne savait plus que dire
Et tous deux se reniaient
Se mangeaient l'esprit
Par perte du coeur
Ce que la clef est pour le mur :
Une impossibilité.
© Thibault Marconnet
27 janvier 2008
Thibault Marconnet, Axis Mundi, 2013 |
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