J’enviais
la Raison des hommes, qu’ils proclament peu faillible, et pour en mesurer le bout, j’ai
proposé : Le Dragon a tous les pouvoirs ; en même temps il est long
et court, deux et un, absent et ici, – et j’attendais un grand rire parmi les
hommes, – mais,
Ils
ont cru.
J’ai
proclamé ensuite par Édit : que le Ciel inconnaissable avait crevé jadis
comme une fleur étoilée, lançant au fond du Grand Vide ses pollens d’étés, de
lunes, de soleils et de moments,
Ils
ont fait un calendrier.
J’ai
décidé que tous les hommes sont d’un prix équivalent et d’une ardeur égale, – inestimables,
– et qu’il vaut mieux tuer le meilleur de ses chameaux de bât que le chamelier boiteux qui se
traîne. J’espérais un dénégateur, – mais,
Ils
ont dit oui.
J’ai
fait alors afficher par tout l’Empire que celui-ci n’existait plus, et que le
peuple, désormais Souverain, avait à se paître lui-même, les marques de gloire,
abolies, reprenant au chiffre un :
Ils
sont repartis de zéro.
°
Alors,
rendant grâces à leur confiance, et service à leur crédulité, j’ai promulgué :
Honorez les hommes dans l’homme et le reste en sa diversité.
Et
c’est alors qu’ils m’ont qualifié de rêveur, de traître, de régent dépossédé
par le Ciel de sa vertu et de son trône.
Victor Segalen
(in Stèles,
p. 51-52)
Victor Segalen |
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