Voici un jeune homme Anglais
né en 1988 et qui semble sorti tout droit d’une autre époque. Être fragile,
dandy sensible, Keaton Henson est un roseau blanc battu par les vents. Depuis
sa tour d’ivoire perdue dans les bois, il nous offre pour trésor le témoignage
d’un cœur plus cassant que du verre.
Avec sa barbe épaisse, son visage creusé
comme une roche rongée par des pluies diluviennes et ses yeux caves, ce jeune
poète échevelé aux allures de clochard
céleste ou de personnage dostoïevskien ne sera jamais une étoile du rock. C’est un oiseau blessé
qui cherche à retrouver son nid, un livre déchiré en quête de sa reliure
divine.
Ainsi que je l’ai lu quelque part, les concerts sont une épreuve
presque insurmontable pour ce jeune homme à fleur de peau : sujet à des
crises de panique fréquentes, ce n’est pas tant sur scène qu’il donne à voir
son feu et ses larmes mais bien dans ses disques. Cet album a comme un goût de
gâteau d’anniversaire qu’on passerait tout seul, isolé dans sa chambre, loin du
bruit et des cotillons de la fête.
Keaton Henson est un être
lucide et tourmenté. Les peines d’amour, les amitiés déçues, la mort sont
autant de sujets qui affleurent en ronces rouges du sein de ses chansons. Solitaire,
il fuit les foules comme un homme plongé dans des eaux en furie tenterait de se
dérober à la noyade. Son chant ne ment pas. “Chanter est façon d’être nu”,
ainsi que le chante Jean-Louis Murat, autre grand solitaire. Il y a dans la voix
du jeune Keaton Henson une blessure qu’on aimerait panser, une plaie sur
laquelle on souhaiterait pouvoir déposer un peu de baume fraternel.
Voici des
paroles, issues de Beekeeper : « You all say I’ve crossed a line / But the
sad fact is I’ve lost my mind / Because I’m just gettin’ started, let me offend
/ The devils got nothing on me my friend / All I want is to be left alone /
Tact from me is like blood from a stone… »
Le poète français, Pierre
Reverdy, le disait déjà avec force : « S’agit-il de distraire ? Point du tout. Il s’agit d’émouvoir. Ce
qui n’est rien de moins que faire jaillir la source du rocher. »
Puissiez-vous être sensible à
cette source d’eau et de feu mêlés, à cette fleur de peau qui, sans jamais rien
compter, nous fait don de ses pétales déchirés.
© Thibault Marconnet
le 17 mars 2014
Tracklist :
01 - Teach Me
02 - 10am, Gare Du Nord
03 - You
04 - Lying To You
05 - The Best Today
06 - Don’t Swim
07 - Kronos
08 - Beekeeper
10 - In The Morning
11 - Milk Teeth
12 - If I Don’t Have To
13 - On The News
Lien Deezer : Keaton Henson - Birthdays (Deluxe) [2013]
Keaton Henson |
Salut Chris,
RépondreSupprimerEn effet, il ne chante pas sur son nouvel album, “Romantic Works” ce qui, je l'avoue, m'a quelque peu dérouté, étant donné que je suis très sensible au timbre fragile de sa voix.
Afin que tu puisses découvrir ses deux précédents albums, “Dear” et “Birthdays”, je vais les envoyer sur ta Dropbox. Noël est en avance et ma hotte est bien garnie ! :-)
Merci pour ton commentaire ! Bien à toi.