S’il
est une œuvre musicale qui résume pour moi à merveille l’idée de la joie, de la
précieuse rencontre entre Orient et Occident comme deux mains tendues l’une
vers l’autre, c’est bien cet album prodigieux du trompettiste libanais, Ibrahim
Maalouf.
Cet
opus riche en diversité musicale est la conclusion d’un triptyque intitulé Dia et qui prit chair en 2007 avec
l’album Diasporas.
Dia comme l’amorce d’un Dialogue possible, d’une
parole qui roulerait de bouche en bouche comme un fruit fécond. Cet album n’a pas
de papiers, pas de carte d’identité. Vagabond sur les routes de la Terre, il
est de tous les pays, de tous les êtres, de toutes les âmes.
Trompette
orientale qui coudoie de ses arabesques lascives les volutes énamourées d’un
piano aux sonorités Jazz ; guitare électrique dont la foudre vient se
mêler au tonnerre roulant des percussions ; violon tzigane qui gémit sa
complainte endiablée dans les steppes désertiques ; rythmiques fiévreuses
de la musique Latino et de la Soul qui martèlent le sol ; transe de chants
africains dans la chaleur du sable ; Blues mystique des origines dans la
moiteur des bayous ; vol léger des pétales de cerisiers en fleurs dans la
lointaine Asie…
Et
que dire de la poignante élégie de Beirut,
morceau qui constitue l’apogée de cette traversée erratique au cœur des quatre
points cardinaux ?
C’est
un cri d’amour et de peine, qui n’est pas sans me rappeler le sublime Alabama de John Coltrane. Beirut est le chant tout en retenue du
feu et des cendres entremêlés. A la croisée des chemins, loin de la mitraille
cacophonique des combats meurtriers qui endeuillent un pays, la vie reprendra
feu et dansera au son de la grâce. Pour la petite histoire, la mélodie de Beirut trottait déjà dans l’esprit du
trompettiste en 1993 alors qu’il cheminait, tout jeune adolescent, dans un
Liban fatigué des guerres incessantes. Dans sa pérégrination adolescente, avec
du Led Zep dans son walkman, Ibrahim
Maalouf déboucha sur la Place des Martyrs.
Afin de garder vivant en lui ce souvenir, il décida de mettre en forme la
mélodie intérieure qui grandissait avec lui. Ainsi qu’il le dit lui-même, ce
morceau est une « manière de
résister contre les guerres, les cicatrices et les souffrances ».
Foin
des trompettes de Jéricho! S’il y a une cité à détruire, ce n’est pas celle-là.
Ibrahim Maalouf, avec sa précieuse alliée vient faire tomber les murs de haine
et d’ignorance que nous bâtissons autour de nous chaque jour que Dieu fait.
Vous
avez des symptômes de tristesse, de fatigue morale par ces temps de grisaille
et de froidure ? Le “médecin-trompettiste” est là pour vous fournir un Diagnostic hautement efficace. Pas de
mauvais sirop à boire ni d’antibiotiques pour vous retourner les intestins.
Rien que de la musique à profusion : du lait et du miel qui attendent que votre
corps s’y coule avec délice ; de l’ambroisie pour l’âme ; un baume
divin pour la poussière d’astres que nous sommes.
© Thibault Marconnet
le 26/02/2014
Tracklist :
01 - Lily (Is 2)
02 - Will Soon Be A Woman
03 - Intro
04 - Maeva In Wonderland
05 - Your Soul
06 - Everything Or Nothing
07 - Never Serious
08 - They Don’t Care About
Us
09 - Douce (Feat. Oxmo
Puccino)
10 - All The Beautiful Things
11 - Diagnostic
12 - Beirut (Bonus)
Lien Deezer : Ibrahim Maalouf - Diagnostic [2011]
Ibrahim Maalouf (Festival Jazz des Cinq Continents), 2012 |
Bonsoir chère Chris,
RépondreSupprimerPassionnant : c'est bien le mot ! Son morceau “Beirut” me donne des frissons à chaque écoute et me transperce littéralement le coeur.
Je n'avais pas eu “vent” (c'est le cas de le dire) de sa relecture d'”Alice au pays des merveilles” et cela attise ma curiosité.
Je viens d'accepter le dossier “Body-head” que tu as envoyé sur ma Dropbox. Était-ce intentionnel de ta part ou s'agit-il d'une fausse manipulation ? Quoi qu'il en soit, j'irais écouter de quoi il retourne ;-)
Amicalement,
Thibault
Et je te remercie chaleureusement pour cette envie de partage ! Je prendrai le temps d'écouter et te ferai part de mes impressions. Si tu as “Alice”, je suis preneur : je me plongerai bien dans son nouveau “pays des merveilles” façonné par Ibrahim Maalouf et Oxmo Puccino. Encore merci, chère Chris et belle soirée à toi !
RépondreSupprimerAmicalement,
Thibault