Charles-Ferdinand Ramuz
est un styliste rare ; il manie les mots en tailleur de pierre ainsi qu'en
menuisier : son style est un burin qui cisèle la syntaxe et rabote l'inutile
écorce.
Chaque phrase est de
bon aloi : ici pas de fausse monnaie littéraire.
Cet écrivain suisse
est un sourcier au verbe incantatoire.
Ramuz sait insuffler
de l'âme dans l’argile de ses personnages afin que ceux-ci puissent prendre
chair sous nos yeux de lecteurs attentifs.
Sa lecture est un
véritable “ravissement”, en ce sens qu’elle nous arrache à nous-mêmes, nous
fait prendre de l’altitude et nous enlève à la lourdeur d’un quotidien où la
beauté fait, trop souvent hélas, office de fantôme.
La grâce fredonne,
dans ces pages, un chant d’eau sur des galets.
Éclaircie après
l’orage, la lumière de son écriture nous allège l’âme.
Thérèse, la femme
d’Antoine – ce berger enseveli sous les roches, mort pour tous sauf pour elle
–, pousse la pierre du tombeau pour ramener “Lazare” à la lumière du jour.
Par son acte créateur,
elle devient comme une seconde mère qui accoucherait de son homme hors de la
pierraille froide et bleutée pour le présenter en offrande au soleil.
La fin de Derborence est un “miracle”, dans tous
les sens du terme.
© Thibault Marconnet
01/12/2013
Portrait photographique de Charles-Ferdinand Ramuz pris par Gustave Roud en 1935 |
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