Dans le film Damnation de Béla Tarr, la pluie tombe
drue comme pour laver, purifier ce paysage de béton et de désolation.
À moins qu'elle ne
se déverse du ciel comme pour mieux engloutir ces lieux où les hommes semblent
avoir perdu tout espoir de salut ?
Karrer, le
personnage principal du film, est absorbé dans une déréliction que ne parvient
pas à apaiser cette femme désirée et qui chante dans un club appelé le
“Titanik”.
Titre évocateur en
effet, puisque tout sombre irrémédiablement.
Les différents
personnages vivent un naufrage, incapables qu'ils sont de s'épauler, de se
soutenir moralement.
Une eau froide
s'engouffre par les multiples brèches de leurs âmes désertiques et désespérées.
Karrer n'aura même
plus de mots pour traduire sa chute : il aboiera à la gueule d'un chien comme
dans une tentative désespérée pour communiquer avec un autre être vivant. La
décomposition de son être intérieur apparaîtra, dès lors, inéluctable.
C'est l'histoire
d'un monde qui se disloque entièrement ; le récit noir d'un être dont la vie se
brise dans la triste compagnie de chiens errants, de ruines métalliques - sous
le bruit assourdissant d'une averse antédiluvienne.
La grisaille humide
l'avale, l'engloutit et son âme est ensevelie sous les décombres de la
perdition.
Le déluge dévaste
tout.
Il
n'y aura pas de bras pour façonner une arche.
© Thibault Marconnet
le 30 octobre 2013
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