jeudi 24 septembre 2015

L'âme ensevelie : à propos du film “Damnation” de Béla Tarr



Dans le film Damnation de Béla Tarr, la pluie tombe drue comme pour laver, purifier ce paysage de béton et de désolation.
À moins qu'elle ne se déverse du ciel comme pour mieux engloutir ces lieux où les hommes semblent avoir perdu tout espoir de salut ?
Karrer, le personnage principal du film, est absorbé dans une déréliction que ne parvient pas à apaiser cette femme désirée et qui chante dans un club appelé le “Titanik”.




Titre évocateur en effet, puisque tout sombre irrémédiablement.
Les différents personnages vivent un naufrage, incapables qu'ils sont de s'épauler, de se soutenir moralement.
Une eau froide s'engouffre par les multiples brèches de leurs âmes désertiques et désespérées.
Karrer n'aura même plus de mots pour traduire sa chute : il aboiera à la gueule d'un chien comme dans une tentative désespérée pour communiquer avec un autre être vivant. La décomposition de son être intérieur apparaîtra, dès lors, inéluctable.




C'est l'histoire d'un monde qui se disloque entièrement ; le récit noir d'un être dont la vie se brise dans la triste compagnie de chiens errants, de ruines métalliques - sous le bruit assourdissant d'une averse antédiluvienne.
La grisaille humide l'avale, l'engloutit et son âme est ensevelie sous les décombres de la perdition.
Le déluge dévaste tout.
Il n'y aura pas de bras pour façonner une arche.






© Thibault Marconnet

le 30 octobre 2013

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