Odilon Redon, Alsace ou Moine lisant, 1914 |
S'il y a une peinture qui me renvoie à quelque chose de très vivant en moi, c'est “Alsace ou Moine lisant” de Odilon Redon : ce peintre des matières noires et des palettes ensoleillées de fleurs ; cet homme qui maniait un pinceau en guise de baguette magique afin de transfigurer le réel. “Alsace ou Moine lisant”, c'est l'Homme qui lit deux oeuvres en même temps : avec ses mains, celle de l'encre noire déposée sur la blancheur du papier et, avec ses yeux mi-clos, celle de sa chair qui palpite dans la nuit intérieure de son corps. Le livre qu'il tient entre les mains n'est autre que lui-même. En vivant en lisant : les deux ne sont, pour moi, pas séparables.
© Thibault Marconnet
le 09 septembre 2015
Et il se nourrit de lettres
RépondreSupprimerLa transcendance...
SupprimerOu le lyrisme de Percy Bysshe Shelley...
J'aime beaucoup ces vers de Victor Hugo que je récitais à 15 ou 16 ans :
Tout avait disparu. L'onde montait sur l'onde.
Dieu lisait dans son livre et tout était détruit.
Dans le ciel par moments on entendait le bruit
Que font en se tournant les pages d'un registre.
L'abîme seul savait, dans sa brume sinistre,
Ce qu'étaient devenus l'homme, les voix, les monts.
Les cèdres se mêlaient sous l'onde aux goémons;
La vague fouillait l'antre où la bête se vautre.
Les oiseaux fatigués tombaient l'un après l'autre.
Sous cette mer roulant sur tous les horizons
On avait quelque temps distingué des maisons,
Des villes, des palais difformes, des fantômes
De temples dont les flots faisaient trembler les dômes;
(L'Entrée dans l'Ombre - La Fin de Satan)
Que la Lumière puisse vous inspirer toujours !
Bonsoir Karine,
RépondreSupprimerJ'ai un livre de poèmes de Percy Bysshe Shelley (aux éditions Points) mais je ne l'ai pas encore lu. Ceci dit, je sens que l'ivresse des cimes sera au rendez-vous, ayant déjà un goût très prononcé pour la poésie de celui qui fut sans doute son meilleur ami, à savoir Lord Byron. Merci pour ces vers de Victor Hugo : à cette lecture j'ai l'impression d'entendre les vagues chanter. Je connais encore fort peu l'oeuvre hugolienne mais son poème “Booz endormi” est pour moi une merveille.