«
Je sentais au fond de moi-même mon cœur qui criait ; il avait beaucoup de
reproches à faire à Dieu, il n'était pas d'accord avec lui, l'heure était venue
de lui faire un rapport et de lui dire enfin sans ambages son indignation et sa
peine. Les années passaient, je passais avec elles, il ne fallait pas que la
terre me ferme la bouche avant que je n'aie eu le temps de parler. Tout homme à
un Cri à lancer dans les airs avant de mourir, son Cri ; il faut se hâter pour
avoir le temps de le lancer. Ce Cri peut se disperser, inefficace, dans les
airs, il peut ne se trouver ni sur terre ni dans le ciel d'oreille pour
l'entendre, peu importe. Tu n'es pas un mouton, tu es un homme : et un homme
cela veut dire quelque chose qui n'est pas confortablement installé, mais qui
crie. Crie donc ! »
Nikos Kazantzaki (in Rapport au Greco, p. 441-442, Éditions Cambourakis, traduit du grec par Michel Saunier)
Nikos Kazantzaki (1883-1957) |
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