Ce nouvel opus de Leonard Cohen est totalement envoûtant
et déchirant. Nous pouvons entendre les derniers pas d'un vieil homme qui jette
un coup d'œil ironique et nostalgique sur les joies éphémères et les blessures de
son passé, les êtres perdus et ardemment aimés, comme son grand amour Marianne Ihlen.
Après une longue traversée au cœur des ténèbres, transpercée par instants de quelques
éclairs, Leonard Cohen est maintenant prêt à refermer le livre de sa vie pour de
bon : il a fait ce qu'il avait à faire. J'aimerais le remercier de tout cœur pour
la beauté et les émotions qu'il a données à ses auditeurs durant toutes ces années.
Ça n'a pas de prix. La flamme de cet homme survivra à son corps au moment du départ,
car le feu sacré qui l'a habité ne sera pas perdu : ceux qui aiment passionnément
son œuvre en sont déjà marqués et ne laisseront pas filer cette lumière. L'année
2016 est décidément un millésime de grande qualité en ce qui concerne la musique
: l'ultime album de David Bowie (Blackstar)
qui a paru au tout début de janvier, celui de Nick Cave (Skeleton Tree) au mois de septembre, et à présent celui du grand Leonard
Cohen (You Want It Darker) qui nous arrive
juste avant les frimas de l'hiver. J'en oublie certainement, mais si je devais n'en
retenir que trois en 2016 ce seraient incontestablement ceux-ci. Ces hommes-là n'ont
plus rien à perdre et ils se confient comme jamais. Leurs cris du cœur mordent à
même l'âme.
© Thibault Marconnet
le 30 octobre 2016
le 30 octobre 2016
Leonard Cohen (1934-2016), transformer le noir en lumière : Une vie, une oeuvre (France Culture) :
Leonard Cohen © Adam Cohen |