Sur la mer blanche du papier, les mots sont des navires couleurs d’encre. Un jour, nous déployons les voiles de notre livre intérieur, et nous voilà partis à l’aventure. Nous affrontons des tempêtes, parsemées de quelques éclaircies, sans cesse à l’affût d’une terre où se reposer. Chaque halte est la bienvenue, car elle permet aux marins que nous sommes de reprendre des forces vives, de renforcer notre embarcation. Car le voyage est long, qui conduit du sommeil à l’éveil ; de l’ignorance à la connaissance. Sans doute est-ce avant tout en nous-mêmes qu’il convient de jeter nos filets et de plonger notre regard, sans avoir peur des monstres qui peuvent s’y trouver. Le soleil est là, qui veille, avec ses rayons comme autant de harpons. Dans le ventre des ténèbres luisent toujours quelques grains de lumière. Et il importe à ceux qui cherchent de trouver de quoi s’éclairer dans la nuit. Ce livre de Pessoa est une quête à la rencontre de ce que chacun de nous porte en soi : sa vérité propre. C’est un astrolabe nautique qui, je l’espère, permettra à chaque lecteur de naviguer vers de nouveaux horizons toujours plus vastes, car c’est ce qui donne à la vie son goût de sel - et qui conserve intacte en nous la soif de l’émerveillement.
© Thibault Marconnet
le 7 mai 2020