samedi 6 décembre 2014

Quand la neige brûle : “Winter Sleep” de Nuri Bilge Ceylan




Winter Sleep est un film de toute beauté, qui montre à quel point une “tour d'ivoire” peut se fissurer sans retour. Nuri Bilge Ceylan nous livre ici ce qui est, à mes yeux, son plus grand film : il rejoint la sobriété sans égale de cinéastes tels que Béla Tarr ou Bruno Dumont.

Le personnage principal verra sa vie bouleversée de fond en comble. En sortira-t-il plus grand ? Blessé à vie indéniablement. La neige est comme la vérité : elle brûle aussi sûrement que le feu.




Tout le film baigne dans une aura de clair-obscur et “l'âme russe” y plane comme l'ombre d'un bouleau sur une lande enneigée : en effet, les œuvres de Tchekhov ont été une grande source d'inspiration pour l'élaboration de Winter Sleep. Nous avons affaire là, à une œuvre cinématographique où chaque mot, chaque image comptent.




Le réalisateur turc nous raconte une histoire au caractère universel et l'âme humaine s'y retrouve dans tous ses aspects tragi-comiques. Et savoir encore raconter une histoire de nos jours, voilà qui est devenu une denrée rare. “C'est rare, un style, monsieur !” comme le disait Louis-Ferdinand Céline lors d'une interview.

La Palme d'Or n'apporte aucune caution supplémentaire à la beauté de ce film : ici, pas de strass et de paillettes (comme c'est le cas à Cannes) mais l'humain dans ses déchirures les plus intimes, dans sa solitude la plus crue et la plus véritable.


© Thibault Marconnet

le 27 novembre 2014

Nuri Bilge Ceylan

8 commentaires:

  1. Je trouve l'affiche superbe!! Je n'ai pas encore eu l'occasion de voir ce film, n'allant pas au cinéma... mais je ne le manquerai pas...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup pour ton commentaire enthousiaste, chère Chris ! C'est pour moi véritablement un chef-d'oeuvre (pour une fois, je suis d'accord avec Télérama !) que ce film de Nuri Bilge Ceylan. Je ne saurais que trop t'encourager à le voir : certes, un DVD ne vaut pas l'ambiance noire et lumineuse d'une salle de cinéma mais c'est le genre d'oeuvres qui, à mon sens, ne perdent rien en force sur le petit écran tant leur propos est magistral. Bien à toi.

      Supprimer
  2. Bonsoir Thibault,
    je suis comme Chris, je ne l'ai pas encore vu. Cependant, je n'ai entendu que des éloges sur ce film.
    Maintenant, j'ai très envi de le voir.
    Bises à toi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Guillaume,
      De même que pour Chris, c'est très chaleureusement que je t'invite à le voir si tu en as l'occasion. Tout le film baigne dans une aura de clair-obscur et “l'âme russe” y plane comme l'ombre d'un bouleau sur une lande enneigée : en effet, les oeuvres de Tchekhov ont été une grande source d'inspiration pour l'élaboration de “Winter Sleep”. J'ai hâte de recevoir le DVD pour me replonger dans cette oeuvre cinématographique où chaque mot, chaque image comptent. Bien à toi.

      Supprimer
  3. Salut Thibault,
    J'avais entendu du bien de ce film, mais je n'ai pas encore été le voir.
    J'imagine que ce sera trop tard pour le voir au ciné, mais je le note dans un coin de ma tête. L'occasion se présentera bien au moment de sa sortie en DVD.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Salut Antone,
      Comme tu peux le voir, je ne taris pas d'éloges à propos de ce film. Pour le voir au ciné, je pense qu'il est trop tard mais il sera peut-être dans la sélection du “Printemps du Cinéma” : durant ces occasions, ils repassent souvent des films ayant obtenu la Palme d'Or.
      Quant au DVD, il vient de paraître. Je devrais d'ailleurs le recevoir aujourd'hui même.
      Bien à toi.

      Supprimer
  4. Film superbe. Je vous conseille également 2 de ses précédents films : "Uzak" et "Les Climats".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ayant vu tous les films de Nuri Bilge Ceylan, je connais bien entendu “Les Climats” et “Uzak”. Je crois même que ce sont les deux premiers que j'ai regardés. Mais je dois avouer que je n'en conserve pas un souvenir impérissable. J'ai l'impression que ces deux films traduisent une sorte d'indécision, d'hésitation, d'élan arrêté. J'ai été davantage ému par ses deux premiers longs-métrages : “Kasaba” et “Nuages de mai” ainsi que par “Les Trois Singes” qui est son cinquième film. Merci pour votre commentaire.

      Supprimer