dimanche 23 novembre 2014

Serge Teyssot-Gay - On croit qu'on en est sorti [2000]



Aux commencements du tout jeune XXIe siècle, Serge Teyssot-Gay, l'ancien guitariste de Noir Désir, nous livrait dans un album percutant l'impact qu'eut sur lui la lecture du livre : La Peau et les Os de Georges Hyvernaud, livre sans concession dans lequel Hyvernaud racontait son enfermement dans un Stalag et les conditions de vie (im)propres à ce lieu ; la promiscuité étouffante, dégueulasse, l’annihilation de l’esprit, la saleté, la puanteur, la merde, l’ennui pesant sur l’estomac comme une grosse pierre.

Serge Teyssot-Gay est allé creuser jusqu'à l'os dans la moelle de cette œuvre douloureuse pour en faire émerger les passages qui lui parurent être les plus saillants.

Les mots de Georges Hyvernaud sont acérés comme du fil barbelé et la musique de Serge Teyssot-Gay est une masse qui brise des pierres coupantes pour exprimer une âpre réalité : parfois l’existence est si lourde à porter qu’on aimerait cogner ; cogner contre un frère humain pour essayer désespérément de lui dire qu’on n’en peut plus de lui – et qu’il est tout ce qui nous reste…

Ps : À côté des titres des morceaux, est indiqué le numéro des pages, pour celles et ceux qui aimeraient se procurer ce livre poignant.


© Thibault Marconnet
le 24 juin 2013

Tracklist :

01 - A Cause De (P 109)
02 - Dix Mille Ecrans (P 108)
03 - Leur Europe (P 57)
04 - Les Cabinets (P 46)
05 - Les Gens D’Ici (P 73)
06 - La Folie (P 91)
08 - Noir Sur Blanc (P 55)
09 - Le Camp Des Russes (P 137)
10 - Tourner En Rond (P 85)
11 - Je Me Tais (P 27)





Serge Teyssot-Gay en gare d'Aurillac pour “Ligne de Front”, un duo peinture-guitare avec Paul Bloas

6 commentaires:

  1. C'est curieux, je n'ai jamais cherché à écouter ce que faisait Serge Tayssot-Gay. Je suis pourtant fan de Noir Désir (surtout leurs deux derniers albums) et je reconnais son influence essentielle sur l'évolution du groupe.
    J'avais bien écouté son projet Zone Libre, sympathique sans que j'accroche plus que ça. En dehors de ça, et Noir Désir évidemment, je n'ai rien écouté de lui.

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    1. Comme toi, je n'ai pas beaucoup accroché avec Zone Libre. Alors, si tu le veux bien, El Norton, j'aimerais te faire part de deux albums sur ta Dropbox. Le premier est celui qui est ici chroniqué, “On croit qu'on en est sorti” et le deuxième est un projet en commun autour de textes du poète hongrois Attila József avec l'acteur Denis Lavant et Kristina Rády, l'ancienne compagne de Bertrand Cantat (qui malheureusement s'est donnée la mort). C'est elle qui fut à l'initiative de ce merveilleux projet qui a vu le jour en 2006 ou 2007, alors que Cantat était encore en prison et qu'elle avait, elle aussi, besoin de s'évader en une certaine façon. Pour ce livre-CD, Serge Teyssot-Gay accompagne de son jeu magique la parole du poète Attila József, incarnée avec force par l'excellent Denis Lavant.
      Je t'envoie tout ça et te laisse découvrir.

      Amicalement,

      Thibault

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    2. La direction qu'il prend depuis la fin de Noir Désir est intéressante...l'autre album dont tu parles m'intéresse aussi et tant que j'y suis, aurais-tu par hasard son premier en solo, je l'ai (ou vais) en cassette et j'aimerais bien le retrouver... par ailleurs j'ai écouté Ezekiel et j'ai pas mal accroché à ce trip-hop/dub...:)

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    3. Bonsoir Chris,
      Merci beaucoup pour ton commentaire. Serge Teyssot-Gay est un véritable magicien : sa guitare est un prolongement électrique de lui-même, de son corps, de son âme. Je suis content de savoir que tu as apprécié EZ3kiel. Je viens d'envoyer sur ta Dropbox le lien de l'album consacré à certains poèmes d'Attila József ainsi que celui chroniqué ici même : “On croit qu'on en est sorti.” Belle écoute à toi !

      Amicalement,

      Thibault

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    4. Je n'ai pas encore eu le temps d'écouter mais je te remercie!!

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    5. Je t'en prie, chère Chris. Attends-toi à quelques ébranlements intérieurs : ce sont des oeuvres qui, si elles trouvent un accès à notre être, nous marquent au fer rouge. Bien à toi.

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