Odilon Redon, Le vitrail, dit aussi Le jardin mystérieux, 1905 |
La perfection est
atroce, elle ne peut pas avoir d’enfants.
Froide comme une
bourrasque de neige, elle colmate les entrailles
Là où les cyprès
sifflent comme des hydres.
L’arbre de vie, l’arbre
de vie
Libère chaque mois sa
lune, en vain.
Le flux de sang est
flux d’amour,
Sacrifice absolu.
Cela signifie :
il n’y aura d’autre idole que moi,
Moi et toi.
Alors, pris à leur
charme sulfureux, leurs sourires,
Ces mannequins font ce
soir leur révérence
A Munich, morgue entre
Paris et Rome,
Nus et lisses sous
leurs fourrures,
Sucettes juchées sur
un bâton d’argent,
Insupportables et sans
cervelle.
La neige déverse ses
lambeaux de ténèbre,
Il n’y a personne
alentour. Dans les hôtels
Des mains doivent
ouvrir des portes,
Déposer pour qu’on les
lustre au cirage noir
Des chaussures où
enfouir demain de larges orteils.
Oh l’ennui de ces fenêtres
casanières,
Ces dentelles de bébé,
ces feuilles de houx en sucre,
Ces gros Allemands qui
dorment dans leurs chopes toujours pleines.
Et ces téléphones
noirs accrochés à leur clou
Et qui scintillent
Et qui scintillent et
qui digèrent
Le silence. La neige n’a
pas de voix.
Odilon Redon, Silence, 1900 |
(in Ariel, p. 92-93)
Sylvia Plath et son sourire comme une virgule de lumière |
Elle sourit presque davantage des yeux que de la bouche et j'adore aussi sa petite oreille.
RépondreSupprimerIl me reste dix minutes pour écrire un semblant de poème.
RépondreSupprimerLa nuit est en train de s'évanouir entre les crocs du petit matin.
Tout à l'heure, je croiserais peut-être une fille traînant un encombrant violoncelle
ou un chat traversant négligemment une bretelle d'autoroute.
J'ai peu d'espoir, mais je souhaite m'endormir en songeant au sourire de Sylvia Plath.
Je me demande si elle avait de grands pieds.
En tous cas, ses longues mains tâchées d'encre
me donne des envies de lécher le ciel tout juste né.